Conclusion.

Les nouvelles configurations institutionnelles qui se sont mises en place à partir de 1990 constituent un réel changement institutionnel dans la mesure où elles introduisent de profondes modifications dans le principe de fonctionnement des principales formes institutionnelles. Ainsi, à la structure étatiste-monopoliste de l’économie qui autorisait une manipulation administrative des prix, s’est substituée une ouverture allant dans le sens d’une réhabilitation large du rôle des mécanismes de marché dans la formation des prix et des revenus ; la gestion « structuraliste » de la monnaie a cédé la place à une politique qui s’apparente fortement à du « monétarisme » ; la nouvelle configuration du rapport salarial laisse la voie ouverte à une plus grande flexibilité ; la pratique en matière budgétaire, bien que plus que jamais fondée sur la disponibilité de la manne pétrolière, est d’une prudence que d’aucuns qualifient d’excessive ; tandis que sur le plan des rapports avec l’extérieur, même si le rôle des hydrocarbures demeure écrasant, la politique du taux de change semble avoir tiré des enseignements qu’une surévaluation excessive de la monnaie pourrait induire.

Cependant, au regard des performances économiques enregistrées durant ces deux dernières décennies, il est aisé de noter l’absence de tendances positives indiquant une rupture avec le régime de croissance rentier. De l’aveu de l’ancien ministre des finances, le vaste programme de l’investissement public, qui vise à stimuler l’offre, ne semble pas avoir produit l’effet escompté, à savoir la stimulation de l’investissement privé, le soutien de la croissance des secteurs hors hydrocarbures et la réduction du chômage167 (Benachenhou, 2009). La désindustrialisation est un phénomène incontestable. D’où la question de savoir si ce phénomène ne relève pas de la pathologie du dutch disease ou de causes plus structurelles.

Notes
167.

Selon les statistiques officielles, le taux de chômage connaît, depuis 2000, une baisse continue. Cependant, les chiffres sur l’emploi cachent la réalité de la qualité des emplois crées. En effet, les emplois à durée déterminée constituent désormais l’essentiel de l’emploi global crée, soit presque les deux tiers. La branche qui a connu la plus forte expansion étant celle du BTPH.