Le terme « analphabétisme » a été construit sur le mot-racine « alphabet » : l’analphabète renvoie donc à celui qui ne connaît pas l’alphabet. Le terme « illettrisme » a été construit à partir de la racine « lettré », mot qui date de la fin du XIIème siècle ; ce mot est issu du latin « litterae » qui signifie : les lettres. Les lettres désignent des missives, des ouvrages, des documents écrits, mais également des connaissances littéraires. Le lettré est donc une personne instruite, savante. Il dispose de lettres, c’est-à-dire, au-delà de l’écrit, de la culture et du savoir. L’illettré désigne donc celui qui ne possède pas les « lettres ». Ces deux termes possèdent le même suffixe « -isme », qui marque le glissement de l’attribut d’une personne (analphabète, illettré) vers un phénomène social (analphabétisme, illettrisme).
L’UNESCO, de par sa mission de lutte contre l’analphabétisme dans le monde, a proposé, dès 1958, sa première définition du terme « analphabète » : « L’analphabète est une personne incapable de lire et d’écrire, en le comprenant, un exposé simple et bref de faits en rapport avec la vie quotidienne » (UNESCO, 1958).
A partir des années 80, le terme « illettrisme » commence à être vulgarisé par ATD Quart-Monde. L’UNESCO, prenant en considération la situation des pays industrialisés, propose un nouveau terme, celui d’analphabétisme fonctionnel : « Est fonctionnellement analphabète une personne incapable d’exercer toutes les activités pour lesquelles l’alphabétisation est nécessaire dans l’intérêt du bon fonctionnement de son groupe et de sa communauté et aussi pour lui permettre de continuer à lire, écrire, et calculer en vue de son propre développement et celui de sa communauté » (UNESCO, 1978). La plupart des pays industrialisés confrontés au problème des adultes scolarisés dans leur pays, mais ne maîtrisant pas la lecture et l’écriture, adopte ce terme d’analphabétisme fonctionnel. La France préfère parler d’illettrisme. Dès lors, comment distinguer l’analphabétisme, dont une définition a été donnée par l’UNESCO, de l’illettrisme ?
Le GPLI propose, en 1997, une définition de l’illettrisme, ou, plus précisément, des personnes relevant de situations d’illettrisme : « Le GPLI considère comme relevant de situations d’illettrisme, des personnes de plus de seize ans, ayant été scolarisées, et ne maîtrisant pas suffisamment l’écrit pour faire face aux exigences minimales requises dans leur vie professionnelle, sociale, culturelle et personnelle. Ces personnes, qui ont été alphabétisées dans le cadre de l’école, sont sorties du système scolaire en ayant peu ou mal acquis les savoirs premiers pour des raisons sociales, familiales ou fonctionnelles, et n’ont pu user de ces savoirs et / ou n’ont jamais acquis le goût de cet usage. Il s’agit d’hommes et de femmes pour lesquels le recours à l’écrit n’est ni immédiat ni spontané, ni facile, et qui évitent et / ou appréhendent ce moyen d’expression et de communication »20.
Le critère de scolarisation, ici mis en avant, peut permettre d’opérer une distinction entre l’analphabétisme et l’illettrisme.
Voici un schéma synthétique21 susceptible d’éclairer les distinctions existant entre les différentes actions menées auprès de personnes ne maîtrisant pas la lecture et l’écriture :
En matière d’illettrisme et de lutte contre l’illettrisme, la terminologie évolue au fil des ans. C’est ce que nous allons voir à présent.
G.P.L.I., Illettrisme, accès et rapport à l’écrit. Répertoire de la recherche 1997. Ministère du Travail et des Affaires sociales, 1997, 86p. Cette définition apparaît également à la page 55 de la revue du GPLI de 1995.
DRTEFP Ile de France, Repérage de l’illettrisme, analyse des besoins en formation linguistique. 1995