V - Les personnes en situation d’illettrisme : des publics diversifiés.

Nous avons vu au point précédent que, plutôt que d’employer le terme « illettrés », l’usage voulait que l’on parle de « personnes en situation d’illettrisme », dans un souci de ne pas stigmatiser ces personnes. Aussi, à la question « Qui sont les illettrés ? », on pourrait substituer la question : « Qui sont les personnes en situation d’illettrisme ? ». Afin de décrire cette population, il conviendrait alors de s’interroger sur les diverses situations d’illettrisme.

De nombreuses études descriptives ont été menées⁴⁹, visant à dresser un « portrait » de ce public. Si certaines se sont intéressées à des populations particulières (tsiganes, bateliers), d’autres ont voulu dresser un panorama davantage exhaustif concernant une population plus vaste. C’est le cas de l’étude menée par Vélis en 1988. Selon lui, « il n’existe pas une forme unique de l’illettrisme. De fait, il peut se traduire de diverses manières, selon le niveau et la nature des difficultés individuelles, selon l’époque et le lieu, selon le bagage minimal de connaissances et de comportements qu’exige la vie de tous les jours »⁵⁰.

Afin d’étudier les diverses situations d’illettrisme, certains auteurs ont essayé d’établir des typologies. Nous retiendrons deux études, l’une centrée sur « le niveau et la nature des difficultés individuelles »⁵¹ - il s’agit des travaux de Bentolila (1996) relatifs aux savoirs de base – l’autre centrée sur « le bagage minimal de connaissances et de comportements qu’exige la vie de tous les jours »⁵², plus précisément le bagage minimal de connaissances et de comportements qu’exige le milieu du travail – nous mentionnerons les travaux de Vinérier (1994) ayant trait aux problématiques d’insertion sociale et professionnelle. Quant aux variables spatio-temporelles mentionnées par Vélis (1988) plus avant et à leur rôle dans la connaissance des situations d’illettrisme, nous les aborderons au chapitre traitant des causes de l’illettrisme.