B - Une seconde typologie au regard de l’insertion sociale et professionnelle.
Vinérier (1994) a proposé une autre typologie des personnes en situation d’illettrisme, non plus au regard des savoirs de base, mais des problématiques d’insertion. Cette typologie a pour but de dégager les dispositifs de formation les plus appropriés au regard des difficultés et des capacités identifiées pour chaque profil.
Afin d’établir une typologie des personnes en situation d’illettrisme, Vinérier (1994) s’est basée sur 13 critères, qu’elle regroupe en 3 catégories :
- 3 critères liés au passé des personnes en situation d’illettrisme (passé familial, scolaire, passé d’insertion sociale et professionnelle) ;
- 5 critères liés à la formation (démarche de formation, projet de formation, …) ;
- 5 critères liés aux conditions de vie des personnes en situation d’illettrisme au moment de leur demande de formation ou pendant leur formation (ressources, travail, logement, famille, santé).
Ces critères ont été choisis, d’une part, dans le but de saisir l’illettrisme par rapport à une globalité, d’autre part, au regard d’une pratique auprès de personnes en situation d’illettrisme.
Les critères visent « à donner ainsi une perspective globale du problème de l’illettrisme »56. « Ces critères ont été choisis parce qu’ils se révélaient être des constantes à travers les récits de vie entendus »57.
A partir de ces critères, Vinérier (1994) définit trois profils et décline, pour chacun d’eux, des stratégies d’intervention qui lui semblent appropriées.
- Le profil A s’intitule « exclusion ». Il regroupe des personnes marquées par l’échec dans différents domaines. Ces personnes refusent le plus souvent de s’inscrire dans un processus de formation et, plus généralement, dans un processus d’insertion. « Le désir d’insertion ne fait pas partie du possible à envisager »58.
- Le profil B est appelé « marginalité ». Il regroupe des personnes à la charnière entre l’exclusion et l’insertion sociale. Ces personnes sont devenues marginalisées suite à un événement ou une série d’événements (familiaux, professionnels, …). Contrairement au profil précédent, un désir d’insertion existe, latent. Une tierce personne sera nécessaire afin que celles-ci prennent conscience de leur désir et fassent la démarche de s’inscrire en formation.
- Enfin, le profil C correspond au profil « insertion ». Ce profil regroupe des personnes insérées socialement, tant au niveau familial qu’au niveau professionnel. Ces personnes ont conscience de leurs difficultés et de leurs capacités. Lorsqu’elles s’engagent dans une formation, elles sont motivées et transfèrent les savoirs acquis en formation à leur vie quotidienne.
Si les personnes en situation d’illettrisme constituent un public hétérogène, elles partagent cependant des difficultés par rapport au lire-écrire qui entravent le bon déroulement de certains actes de leur vie quotidienne. Comment expliquer de telles difficultés ? Quelles peuvent en être les causes ?
Notes
56.
VINERIER, A., Combattre l’illettrisme : permis de lire, permis de vivre… Guide pratique et méthodologique. Paris : L’Harmattan, 1994, p. 12.