VII - Les pédagogies mises en place dans le cadre des actions de lutte contre l’illettrisme.

Nous avons vu précédemment que le terme « illettrisme » est d’abord né d’une préoccupation praxéologique. Ceci se retrouve au niveau des productions relatives à la problématique de l’illettrisme. Dans une revue du GPLI visant à dresser un état des lieux de la recherche universitaire par rapport à l’illettrisme, Francis Andrieux souligne « une absence presque totale jusqu’en 1990 de travaux en provenance de l’université. La préoccupation des chercheurs a été longue à se mobiliser autour de questions posées par les acteurs quant aux difficultés qu’ils rencontraient et qu’ils nommaient "illettrisme" »69.

Ainsi, les pédagogies visant à remédier aux difficultés de lecture et d’écriture rencontrées par les personnes en situation d’illettrisme émanent principalement d’acteurs de terrain : « La préoccupation majeure d’une production d’acteurs consiste à faire connaître à d’autres ce qu’on a découvert, ou essayé ; le souci du partage l’emporte sur les exigences de fondements théoriques. On travaille avec des concepts mobilisateurs sans vrai souci de rendre ces concepts opératoires »70.

Nous allons évoquer une de ces pédagogies, celle que propose Vinérier (1994) à partir de son expérience, notamment dans un service de formation qu’elle a créé : l’association d’Entr’Aide Ouvrière à Tours. Nous choisissons par ailleurs de relater les principes de cette pédagogie dans la mesure où les formateurs de l’atelier de formation de base duquel sont issues les personnes en situation d’illettrisme que nous avons interviewées y font appel.

Notes
69.

ANDRIEUX, F., Illettrisme et production de savoirs. In GPLI, De l’illettrisme : Etat des lieux de la recherche universitaire concernant l’accès et le rapport à l’écrit. Ministère du travail, du dialogue social et de la participation : Paris, 1995, p. 5.

70.

Ibid.