Partie 2 – L’expérimentation d’un dispositif formatif centré sur l’explicitation auprès de personnes en situation d’illettrisme.

Nous avons élaboré une hypothèse de recherche dans la partie précédente. Rappelons-en la formulation : « l’explicitation, comme prise de conscience provoquée par un médiateur, permet le développement d’une conceptualisation, se soutenant d’un mouvement d’abstraction ». Cette deuxième partie a pour objectif de présenter l’expérimentation de notre dispositif formatif auprès de personnes en situation d’illettrisme. Ce dispositif est centré sur l’explicitation qui est au cœur de notre problématique et de notre hypothèse de recherche.

La présente partie correspond aux phases de recherche de l’observation et de l’analyse des informations décrites par Quivy et Van Campenhoudt :

• En premier lieu, « l’observation comprend l’ensemble des opérations par lesquelles le modèle d’analyse (constitué d’hypothèses et de concepts) est soumis à l’épreuve des faits, confronté à des données observables »²⁹⁷. Ainsi, comme nous le verrons dans le premier chapitre, nous avons proposé des entretiens, narratifs et d’explicitation, à des personnes en situation d’illettrisme, apprenantes dans un atelier de formation de base. Nous présentons dans ce chapitre la série de trois dispositifs qui nous a menée de la pré-enquête vers l’enquête. Le deuxième chapitre fait partie également de la phase d’observation puisqu’il présente des données d’anamnèse concernant les 5 apprenants interviewés dans le cadre de l’enquête ainsi que l’association E, un atelier de formation de base dans lequel se forment ces apprenants.
• En second lieu, la phase d’analyse des informations répond à deux objectifs : « le premier objectif de cette phase […] est […] la vérification empirique »²⁹⁸ : il s’agit de vérifier si les résultats obtenus correspondent aux résultats attendus par hypothèse. L’observation amène par ailleurs souvent des faits inattendus, venant enrichir ou nuancer les hypothèses. Le second objectif du chercheur est d’« interpréter ces faits inattendus, revoir ou affiner les hypothèses afin que, dans les conclusions, le chercheur soit en mesure de suggérer des améliorations de son modèle d’analyse ou de proposer des pistes de réflexion et de recherche pour l’avenir »²⁹⁹. Dans cette perspective, le troisième chapitre vise à répondre au premier objectif en proposant une analyse qualitative des entretiens d’explicitation réalisés : elle pointe ainsi les facteurs défavorisant / favorisant l’auto-réflexivité. Le quatrième chapitre répond au second objectif, dans une visée d’interprétation des faits inattendus. Il s’agira de faire retour sur la problématique en dégageant les limites et forces de notre dispositif.