Chapitre 4 – Un retour sur la problématique : limites et forces de notre dispositif.

Dans le chapitre précédent, nous avons analysé les données recueillies lors de 15 entretiens d’explicitation avec 5 personnes en situation d’illettrisme, données sous forme d’éléments du discours de chaque interviewé et de l’interviewer. Nous allons à présent réaliser une synthèse des principaux enseignements que l’on peut retirer du chapitre précédent, en dégageant quelques constantes.

A l’issue de notre cadrage théorique (réalisé dans la première partie de notre travail), nous avons reformulé notre question de recherche, dans une perspective de faisabilité. Elle devient ainsi : « S’il est établi que l’explicitation orale d’actions favorise le mouvement développemental menant de l’oral vers l’écrit chez des personnes en situation d’illettrisme, alors quels moyens mettre en œuvre pour engager un processus d’explicitation chez ce public ? ». L’objet du présent chapitre sera de fournir des éléments de réponse à cette question de recherche. Afin de dégager les moyens à mettre en œuvre pour engager un processus d’explicitation chez les personnes en situation d’illettrisme, nous allons nous interroger sur le dispositif que nous avons mis en place auprès des 5 personnes interviewées, dispositif les inscrivant dans ce processus d’explicitation. Ces moyens s’appuieront sur les forces de notre dispositif ; nous devrons néanmoins être vigilant à ses limites qui définiront un cadre dans lequel le processus d’explicitation pourra se déployer.

Nous allons donc ici dégager les principales limites et forces de notre dispositif. Nous verrons en premier lieu, du côté des limites de notre dispositif, que celui-ci exacerbe la radicalité des postures entre l’interviewer et l’interviewé. Nous aborderons ensuite la question du sens donné ou non par l’interviewé à notre dispositif. Puis nous soulignerons le fait que celui-ci se centre sur la sphère cognitive au détriment de la sphère affective. Enfin, nous montrerons en quoi celui-ci peut venir faire intrusion dans l’intimité psychique du sujet. En second lieu, du côté des forces de notre dispositif, nous verrons en quoi celui-ci, aussi contraignant soit-il, s’avère au final promotionnant pour le public en situation d’illettrisme. Par ailleurs, nous montrerons en quoi la médiation et l’étayage du pédagogue constituent une force de celui-ci. Une dernière force que nous pointerons sera celle du pari que fait le pédagogue sur l’éducabilité du sujet.

Au final, suite à la discussion que nous aurons réalisée, nous repositionnerons notre problématique, en vue, dans la troisième partie, de modéliser une pédagogie de l’explicitation.