Partie 3 – D’un dispositif formatif vers une pédagogie de l’explicitation.

Nous avons vu précédemment la manière dont nous avons expérimenté un dispositif formatif auprès de personnes en situation d’illettrisme et les résultats que nous avons observés. Nous avons comparé ces résultats aux résultats attendus et constaté des écarts. Nous les avons analysés dans un chapitre visant à dégager les limites et les forces de notre dispositif.

Dans cette troisième partie, nous allons développer le sous-titre de notre thèse : « Vers une pédagogie de l’explicitation ». L’analyse présentée dans la deuxième partie a fait apparaître quelques éléments susceptibles d’amorcer une réflexion pédagogique. C’est à cette réflexion que nous consacrerons la présente partie. D’après Quivy et Van Campenhoudt, on peut dire qu’elle s’inscrit dans l’étape de recherche de l’analyse des informations. Il s’agit, à la fin de cette étape d’interpréter les faits inattendus venant enrichir ou nuancer l’hypothèse. Il conviendra ici de « revoir ou affiner les hypothèses afin que, dans les conclusions, le chercheur soit en mesure de suggérer des améliorations de son modèle d’analyse ou de proposer des pistes de réflexion et de recherche pour l’avenir »452. La présente partie vise à décrire la manière dont nous nous emparons de notre dispositif formatif, avec ses limites et ses forces, pour en dessiner une pédagogie de l’explicitation.

Le premier chapitre aura pour but de poser des éléments anthropologiques à la base d’une pédagogie de l’explicitation. Nous ferons retour sur notre public, les personnes en situation d’illettrisme, afin de décrire des éléments anthropologiques qui peuvent entrer en jeu dans le phénomène de l’illettrisme. Ces éléments nous permettront de mieux appréhender ce public et, par conséquent, de penser une pédagogie de l’explicitation au vu de ces caractéristiques. En somme, ces éléments anthropologiques visent à répondre à la question suivante : quel homme former ?

Dans le second chapitre, nous étudierons la dimension du paradoxe : il s’agit en effet de ce qui nous apparaît comme transversal par rapport aux forces et aux limites de notre dispositif, telles que nous les avons dégagées dans le dernier chapitre de la partie précédente. Ainsi, de multiples paradoxes semblent traverser notre dispositif formatif que nous allons essayer, dans ce chapitre, de repenser en une pédagogie de l’explicitation. Nous en arriverons à la conclusion qu’une pédagogie de l’explicitation, qui dépasse le simple dispositif formatif que nous avons pensé, doit se concevoir comme une gestion délicate de paradoxes.

Notes
452.

QUIVY, R., VAN CAMPENHOUDT, L., Manuel de recherche en sciences sociales. Paris : Dunod, 1995, p. 213.