‘Kendall Walton insiste, dans son article « Catégories de l’art », sur l’importance, en ce qui concerne l’analyse critique, des informations révélées par l’histoire de l’œuvre, considérées comme superficielles, superflues par principe et pourtant capitales, « cruciales » dans la pratique critique.’
‘Je soutiens que des faits concernant l’origine des œuvres jouent un rôle essentiel dans la critique et que les jugements esthétiques reposent sur eux d’une manière absolument fondamentale.171 ’Les effets de circonstances sont ainsi « modalités essentielles de la création »172, notamment dans le cas d’œuvres de commande, comme nous le verrons. Albert Thibaudet, dans un texte de 1922, « Les trois critiques », souligne lui aussi cette nécessité, encore accrue lorsqu’il s’agit d’une critique d’artiste, où résonnent les affinités électives, mais aussi les divergences :
‘N’oublions pas que la critique d’artiste est aussi, ou devient facilement, une critique d’atelier, ou de chapelle, avec toutes les camaraderies, les jalousies, les haines, les histoires d’Institut, de journaux, d’alcôves, tous les champignons qui poussent sous la table et sur la plume de l’homme de lettre.173 ’Nous verrons comment ces « champignons », ici les interventions de Jean Paulhan et de Fernand Mourlot, vont s’imbriquer dans le processus créatif du peintre, jusqu’à orienter le projet initial d’un simple recueil des essais lithographiques tiré à trois exemplaires vers une édition luxueuse, livre de peintre dans la plus pure tradition bibliophilique.
Kendall Walton – « Catégories de l’art », in. Esthétique et Poétique (sous la direction de Gérard Genette), p. 87.
Claude Evrard – Francis Ponge, p. 143.
Albert Thibaudet – « Les Trois critiques », in. Réflexions sur la littérature, p. 728.