A . Le développement durable : une présentation

Le développement durable est maintenant familier à beaucoup de nos contemporain.e.s, nous pouvons même dire qu’il est un mot de sens commun servant à la fois d’argument commercial et d’argument militant. Ceci dit, comme beaucoup des notions que nous manipulons ou entendons tous les jours, nous savons ce qu’elle veut dire, tant que l’on ne tente pas de l’expliquer. Et ce à juste titre car le développement durable, aussi simple qu’il puisse paraître, comprend en fait un champ de réflexion très complexe. Or c’est grâce, ou à cause, de cette complexité, qu’il donne lieu à des interprétations multiples, divergentes, et tout aussi controversées voire contradictoires les unes que les autres. Autrement dit, si le développement durable semble être bien compris de tou.te.s, il engendre cependant des positionnements contradictoires, des quiproquos. Le développement durable a la particularité de ces objets sociaux qui, parce qu’ils peuvent se prêter à une grande palette d’interprétations, sont les plus diffus, mais qui soldent ce succès par des utilisations contradictoires et concurrentes. Le développement durable est donc un objet social de premier choix pour une psychologue sociale!

Comme la notion de développement durable est encore « en train de se faire », nous l’aborderons par l’évocation de l’histoire de sa construction puis celle de son application. Nous ne pouvons pas dire ce que le développement durable est mais ce qu’il est devenu et ce qu’il est en train de devenir. Ce regard historique nous semble nécessaire puisque les choix qui ont présidé à ce que le développement durable est devenu et devient, éclairent le sens qui lui est donné et l’utilité pratique qu’on lui prête. Comme le remarque Allemand (Allemand, 2007, p. 9) : « Le développement durable est ainsi à l’image de ce qu’il désigne : en développement… ». Ajoutons que le regard historique permet de mettre en mouvement cette notion, que nous analyserons ensuite dans notre recherche comme objet quasi-essentialisé.

Si dans un premier temps, les instances internationales se sont occupées de définir dans le texte ce qu’était le développement durable pour orienter les pratiques qui doivent en découler, dans un second temps ce sont les pratiques qui renseignent sur ce qui est entendu par développement durable.