b . Le développement durable : une question de style

Un clair obscur ou une illusion concrète ?

Essayant de faire abstraction du fond, certains commentateurs s’amusent à étudier l’expression développement durable comme une figure de rhétorique. Selon les commentateurs qui se sont aventurés dans cet exercice, le développement durable est soit un oxymore soit une tautologie (Micoud, 2003). Dans les deux cas, le terme de développement durable perd de sa force dans la mesure où il est confronté soit à sa futilité, soit à sa contradiction.

Il est un oxymore à plusieurs titres. Pour Micoud (Micoud, 2003) d’abord, un développement ne peut être durable, sous-entendant par là infini, ce qui fait écho à la pensée de la décroissance que nous avons vu précédemment. Mais aussi, parce que rejoignant ainsi Allemand (Allemand, 2007), le développement est amené à évoluer et non à se perpétuer. Pour lui le développement durable est un oxymore dans la mesure où il conjugue deux réalités opposées qui sont la réalité du développement qui suppose du mouvement, une dynamique, et la durabilité qui laisse entendre une certaine inertie. Cela est à mettre en lien avec la conciliation difficile d’une conservation du développement et du développement de la conservation (Rodary, 2008).

Mais l’expression de développement durable peut aussi être présentée comme une tautologie dans la mesure où le développement ne peut exister que s’il est en mesure de se poursuivre (Micoud, 2003).

Cette question sur la nature de l’expression de développement durable est importante à relever parce qu’elle permet de questionner le développement durable sur un plan linguistique et notamment sur la portée performative de cette figure de rhétorique.

Sur le fond, les commentateurs se font très critiques sur toutes les équivoques et contradictions qui pour certaines étaient déjà présentes dans l’écologie politique (Alphandéry et al., 1991) que ce paradigme porte à leur paroxysme. Loin des élaborations conceptuelles des débuts, il s’agit maintenant de répondre à des questions aussi pragmatiques que, qu’est ou n’est pas le développement durable (Slim, 2004, Brunel, 2004, Férone et al., 2004), maintenant en recherche d’une « béquille doctrinale » (Lauriol, 2004). La réponse à cette question est devenu impérative dans la mesure où le développement durable, devant tant d’incertitude, pourrait devenir une chimère ou une mystification (Godard, 2005).