b . Les femmes et la représentation élective

D’objet civique à sujet civique

Les femmes ont obtenu le droit de vote en 1944 en France, date tardive comparée à nos voisins européens et à nos cousins d’Amérique du Nord. On peut donc dire que les femmes ont été légitimées comme actrices politiques et citoyennes tardivement, à moins que, là encore, elles n’aient été considérées une fois de plus comme objets de tractation politique. Dhavernas (Dhavernas, 1978) mentionne que le droit de vote aurait été obtenu par les femmes, en ce lendemain de 2ème guerre mondiale et veille de guerre froide, parce que leur vote était réputé anti-communiste… Enriquez évoque ce phénomène en ces termes (Enriquez, 1983, p. 240) :

‘« Habituellement la femme ne peut que mimer une rébellion, faire semblant d’être comme les hommes ; elles restent en tant que symbole de sexualité et de fécondité, un élément de discorde qui doit rentrer dans le rang et dont l’homme accepte et permet l’excès dans la mesure où comme tout fonctionnement du “ monde à l’envers ”, il demeure dans les limites prescrites par “ le monde à l’endroit ”. ».’

Comme nous l’avons vu précédemment avec Mathieu (Mathieu, 1973), les femmes arrivent difficilement à passer d’objets du discours politique à sujets de ce discours sans être perçues autrement que comme des femmes déguisées en homme.

Quoi qu’il en soit, cette entrée tardive sur la scène politique n’est pas sans conséquence. Si l'on regarde le taux d’élues à l’Assemblée Nationale et au Sénat, instances nationales dites représentatives du peuple et qui à ce titre doivent être exemplaires, il ne dépasse le cap de 5% d’élues qu’en 1978, et des 10% en 1998, il y a actuellement 18,5% de femmes élues à l’Assemblée nationale, et au Sénat 21,8%. Au niveau de la démocratie locale en 2004, les conseils généraux sont composés à 12,3% de femmes et les conseils régionaux 47,6% ; et elles représentent 13,9% des maires16... Comme le montrent ces quelques chiffres, très inégaux, les femmes restent encore sous-représentées en politique. Cela met la France en 18ème position pour ce qui est de la place des femmes à l’assemblée nationale ou à la chambre unique, sur les 27 pays européens, et 5ème place sur 13 pour leur place au Sénat ou deuxième chambre.

Notes
16.

Ces chiffres viennent du ministère de l’intérieur, bureau des élections et des études politiques, parlement européen.