b . L’écoféminisme français

Comme nous l’avions évoqué pour l’interprétation du triptyque qui compose le développement durable, il s’agit peut-être moins d’opposer ce qui est de l’ordre de la sphère anthropique à l’environnement que de dénoncer la fétichisation de l’économie. Dénonciation qui permet alors de penser la sphère sociétale et la sphère environnementale comme des « victimes » de cette économie. Or, nous savons aussi que la sphère sociétale n’est pas homogène, nous avons vu notamment qu’elle est composée de deux grandes fractures, la fracture Nord/Sud et la fracture hommes/femmes. Et enfin, nous avons vu que les femmes, plus que les hommes, ont été assimilées à la nature qu’il fallait dresser et maîtriser.

Or, dans la droite ligne de cette réflexion s'inscrit l’écoféminisme qui postule que les hommes dominent les femmes comme ils dominent la nature, et qu’ainsi la révolution écologiste ne pourra se faire sans révolution féministe. C’est d’Eaubonne la première qui a utilisé ce terme d’écoféminisme, contraction de deux courants de pensée, l’écologie et le féminisme. D’Eaubonne (Eaubonne, 1978, p. 15) écrit que :

‘« Le rapport de l’homme à la nature est plus que jamais, celui de l’homme à la femme. Il s’agit d’empêcher que ce millénaire rapport de destruction se transforme aujourd’hui en celui d’assassinat. Ensuite, et ensuite seulement pourra être envisagée une société de démocratie directe, objectif toujours visé et toujours perdu par les révolutions qui ignorent la “ moitié du ciel ”… Et la totalité de l’environnement. ».’

Il ne s’agit donc pas de faire seulement une révolution écologique, mais bel et bien de remettre en cause le fonctionnement de la société qui au demeurant reste patriarcale, pour pouvoir ensuite envisager la question de l’écologie et de l’environnement.