I . Le champ social, un espace de représentations

A . Définir les représentations sociales ?

Comme Moscovici le mentionne en 1961 (Moscovici, 1961) dans la préface de l'étude qui inaugurera le champ d'étude des représentations sociales, la réalité des représentations sociales est facile à saisir mais beaucoup moins facile à définir. Selon Moscovici, elles sont à ce point « bâtardes » disciplinairement, entre la sociologie et la psychologie, qu'il serait hasardeux de vouloir les figer dans une définition, et donc d'autant plus dans un champ disciplinaire. Refuser de définir ce que sont les représentations est en faire un paradigme hors du commun : elles sont à la fois objets d'études et outils d'études. Nous étudions les représentations sociales, à l’aide même de celles-ci.

Alors, qu’entend-on par représentations sociales au juste ? Beaucoup de chercheur.e.s débattent de cette question, et ce débat est justifié : la notion de représentations sociales, tantôt utilisée au pluriel, tantôt utilisée au singulier, est aussi issue et utilisée par des champs disciplinaires multiples et traitée selon des méthodologies diverses. Or, c’est justement la plasticité de la notion de représentations sociales qui a permis cette porosité à tant d’approches théoriques et méthodologiques (Garnier, 2002), et en a fait le prétexte à tant de débats théoriques qui en font une notion complexe. Doise (Doise, 1993, p. 157) l’analyse comme suit : « The theory of social representations is not vague. It basically is general theory about a metasystem of social regulations intervening in the system of cognitive functioning. »47. Selon lui (Doise, 1993), l’étude des représentations sociales consiste en l’analyse des relations entre le méta système social et le système cognitif. Le premier reformulant et retravaillant le matériel cognitif traité dans un premier temps, c’est justement ce travail du méta système qui est influencé pour le positionnement des individus. Mais nous reviendrons sur la notion de positionnement dans notre exposé.

Elejabarriata (Elejabarriata, 1996) propose un modèle socio-génétique pour définir les différentes étapes d’apparition d’une représentation, et donc, ce par quoi elles peuvent se définir : un objet inconnu du groupe doit surgir dans son environnement, cet objet doit devenir suffisamment saillant pour susciter du débat et de la controverse en raison de la menace qu’il peut revêtir, et se met alors en place un processus de communication collective pour saisir l’objet.

Notes
47.

« La théorie des représentations sociales n’est pas vague. C’est tout simplement une théorie générale sur le méta système des régulations sociales qui interviennent dans le fonctionnement du système cognitif ». Traduction personnelle