b . De l’interaction à l’action

Toute représentation est représentation d’un objet, mais

‘« […] cet objet est inscrit dans un contexte actif, ce contexte étant plus ou moins partiellement conçu par la personne ou le groupe, en tant que prolongement de son comportement, de ses attitudes et des normes auxquelles il se réfère. Autrement dit, le stimulus et la réponse sont indissociables : ils se forment ensemble » (Abric, 1994a, p. 12).’

Ainsi, la théorie des représentations sociales nous offre la possibilité de ne plus concevoir le monde de façon dichotomique, avec l’objet et le sujet, le passif, et l’actif, le stimulus et la réponse. L’objet agit et est agi par le sujet, le sujet et l’objet ne sont plus distincts (Moscovici, 1969). La représentation qu’a le sujet de l’objet, est constitutive de l’objet lui-même. En cela l’individu agi et est agi pour le monde qui l’entoure.

Nous n’agissons donc pas avec l’objet lui-même, mais selon la représentation que l’on s’en fait, les individus, les agents sociaux, produisent les représentations, ils ne les reçoivent pas passivement. De plus, dans cette production de représentations, les individus entrent dans une dynamique d’échanges. Ils ne sont pas isolés les uns des autres. C’est évidemment ce qu’explique Moscovici (Moscovici, 1984a) avec le triangle de la psychologie sociale : il y a alter, ego et l’objet représenté. Les objets ne sont donc pas stables, ils ne sont pas donnés une fois pour toute ; ils sont sans cesse négociés, débattus etc. Chaque objet qui compose la réalité est évanescent. Pour Marková (Marková, 2003) la triangulation est chaque fois différente, elle dépend du lien qui existe entre ego et alter. Marková ajoute que l’objet n’est pas inerte : il est agi certes par la relation dialogique, mais il est lui-même un être agissant dans cette triangulation.

Ainsi, les individus agissent le monde qui les entoure, en même temps qu’ils l’agissent, ils construisent les représentations qu’ils se font de ce monde : « As long as " objects " are not interacted with, talked about, thought of, and so forth, they do not exist for actors. That is to say, they do not exist socially, since they have no meaning for anyone. »56(Verheggen & Baerveldt, 2007, p. 8). L’objet est agi par la représentation que l’individu se fait de lui.

Notes
56.

« Aussi longtemps que les « objets » ne rentrent pas en interaction avec, que l’on en parle, qu’on y pense, et autres, ils n’existent pas pour les acteurs. Ce qui veut dire qu’ils n’existent pas socialement, parce qu’ils n’ont aucun sens pour personne ». Traduction personnelle