C . Le corps politique

D’un point de vue politique, ce territoire est réputé être acquis à la droite. En effet, de 1976 à 2001 tant le maire de la ville principale de la collectivité que le Président de la communauté urbaine, sont de droite. Mais en 2001 s’opère un tournant à gauche qui se confirme en 2008, que ce soit là encore au niveau de la mairie de la ville principale ou au niveau de la communauté urbaine. Historiquement, il s’agit toujours de la même personne.

Nous ferons le point sur la constitution du personnel politique pour le mandat 2008-2014. Commençons par le conseil communautaire qui, nous le rappelons, est l’équivalent du conseil municipal à l’échelle d’une mairie. Il est composé de 155 membres, chacun issu du conseil municipal des villes faisant partie de la communauté urbaine. Sur ces 155 membres, 33 sont des femmes, ce qui représente 20% du conseil communautaire. Les conseils d’intercommunalité ne sont pas soumis à la loi sur la parité contrairement aux conseils municipaux. Cet écart de représentativité des femmes entre l’échelon municipal et l’échelon intercommunal s’explique en premier lieu par le fait que ce sont généralement les maires qui représentent leur commune au niveau de l’intercommunalité et que la plupart des communes n’y ont qu’un représentant (donc un homme).

En ce qui concerne les communes, seules onze femmes sont maires et seuls sept maires hommes et une maire femme renoncent à représenter personnellement leur commune au niveau de l’intercommunalité. Précisons que, même si le maire choisit de ne pas assumer cette fonction, rares sont les femmes qui se retrouvent dans le collège d’élu.e.s commun.aux.ales au niveau de l’intercommunalité. Les petites délégations sont bien souvent intégralement masculines (celles comprises entre 2 et 5) en dehors de celles de deux communes ayant une histoire très ancrée dans le socialisme et le communisme. Il n’y a donc que les grosses communes qui se voient représentées par des femmes et ce, aux environs de 30%. De plus, comme en témoignent les femmes élues que nous avons rencontrées, les femmes refusent bien souvent de cumuler les deux fonctions parce qu’elles ne se sentent pas à la hauteur mais aussi, faute de temps.

Pour ce qui est de l’exécutif, c'est-à-dire des vices président.e.s, là encore le plafond de verre est de règle. Sur les 40 vices-président.e.s élu.e.s, neuf sont des femmes, c'est-à-dire un peu moins de 25%. La première vice-présidente est en 5ème position, elles sont cinq à être dans les 20 premières, mais elles sont quatre à être dans les 12 dernières. Cet exécutif est ensuite réparti en pôles qui sont au nombre de 9. Seuls deux de ces pôles sont dirigés par des femmes, le pôle « politique des déplacements et mobilité » et le pôle « environnement ». Notons que ces deux pôles comptent des femmes à leur tête mais seulement à leur tête. Aucune des autres élues ne siège dans ces deux pôles-ci.

Nous pouvons conclure de cette brève analyse que les femmes sont encore très peu présentes aux plus hauts niveaux de la vie démocratique et sont donc exclues de l’exercice du pouvoir. En effet, grâce aux lois sur la parité, les femmes ont accédé aux fonctions municipales mais, comme nous pouvons le voir ici, le pouvoir s’est, quasiment dans le même temps, déplacé en grande partie à l’échelle intercommunale. Or, elles sont loin d’être représentées à égalité à cette échelle. Autrement dit, l’histoire n’est qu’un éternel recommencement. Aussi critiquées qu’ont pu l’être les lois sur la parité, on ne peut que constater que là où elles ne s’appliquent pas, les femmes sont exclues. Il faut aussi insister sur le fait qu’en raison de ce système d’échelle électorale, il faut être élu à l’échelle municipale, puis être envoyé par le conseil municipal au conseil de communauté et pour cela recueillir des votes implicites, puis il faut être élu par le conseil de communauté pour figurer dans l’exécutif, et à ce jeu-là, les femmes ne peuvent que perdre : leur manque de temps et de disponibilité ne leur permet pas de mobiliser l’énergie nécessaire pour enchaîner les sélections successives et quand bien même elles réussiraient à court terme à relever ce défi, à long terme, elles ne peuvent que très rarement assumer le cumul des mandats et des responsabilités que cela impose.