I . Une immersion institutionnelle

A . Le cadre de la thèse : être à la fois en-dedans et en-dehors

a . Un cadre hybride

Le cadre de notre recherche s’inscrit dans celui d’une convention CIFRE (Convention Industrielle de Formation à la Recherche en Entreprise). Nous sommes donc rémunérée par notre institution d’accueil qui perçoit une subvention de la part de l’ANRT (Agence Nationale de la Recherche et de la Technologie). À ce titre nous sommes considérée à maints égards comme un agent contractuel de cette collectivité, disposant de tous les moyens matériels et informatiques à l’instar de n’importe quel autre agent : contrat de confidentialité, un bureau informatisé, une boîte mail, une ligne téléphonique, des congés payés, accès au restaurant et au comité social, etc.

Cela dit, notre statut étant à l’interface entre cette collectivité et l’université, et ayant une mission de recherche, nous ne sommes reliée à aucune mission opérationnelle : nous n’assistons pas aux réunions de service, nous n’avons pas de primes, nous ne sommes pas évaluée annuellement par notre supérieure hiérarchique, nous n’avons d’ailleurs pas d’objectifs annuels. Pour autant, cette recherche a été menée sous la responsabilité d’une directrice de service attachée à la DRH, que nous informions régulièrement de notre travail. Notre responsable, bien installée professionnellement, nous a permis de démêler certains enjeux que nous ne pouvions appréhender sans une connaissance intime de la structure, et nous a conseillée sur l’approche que nous pouvions adopter au sein de l’institution.

Le statut de doctorante que nous avions à l’université laissait place au statut de chargée d’études quand nous étions dans l’institution, agent de catégorie C. Nous faisions tout de même état de notre statut de doctorante ne serait-ce que pour justifier nos démarche d’enquête. Nous reviendrons sur cet aspect du statut, mais le mot « doctorante » devenait stagiaire et apprenti lorsque nous étions en contact avec les agents.

Cette immersion dans l’institution d’accueil nous a permis de voir ce qu’il en était de son fonctionnement organisationnel, qu’il s’agisse de l’organisation de travail et de la communication interne, ou de son fonctionnement plus informel. Cependant, le fait d’être en dehors a aussi supposé que la collectivité ainsi que les agents, nous considèrent comme à distance. Notre positionnement dedans/dehors a oscillé sans cesse durant toutes ces recherches, nous étions considérée et nous nous considérions comme une familière ou une étrangère.