B . L’analyse du noyau central

a . L’analyse Evoc 2000

Evoc 2000 est un logiciel d’analyse lexical élaboré par Vergès qui l’a popularisé pour la première fois sur une étude devenue une référence, celle portant sur les représentations sociales de l’argent (Vergès, 1992). Depuis, ce logiciel de traitement a rencontré un vif succès, il a notamment été utilisé par Doutre (Doutre, 2008b), Dany et Apostolidis (Dany & Apostolidis, 2002). Ce traitement des associations libres que nous avons proposées dans notre questionnaire permet de procéder à une analyse prototypique du corpus qui croise les rangs attribués aux mots, ainsi que leur fréquence d’apparition.

Le résultat de cette analyse est un tableau composé de quatre cases, qui correspondent chacune à des zones spécifiques de la représentation de l’objet étudié. Notons que cette méthode d’étude s’inscrit dans l’approche théorique structurale des représentations sociales (Moliner et al., 2002), ces zones sont donc en lien avec la structure de la représentation.

Le tableau type obtenu peut être schématisé de cette façon :

Tableau 2 . Tableau type des résultats d’Evoc 2000
  Rang
Fréquence Case 1
Zone du noyau
Case 2
Zone potentielle de changement
Rang > rang intermédiaire
Fréquence > fréquence intermédiaire
Rang < rang intermédiaire
Fréquence > fréquence intermédiaire
Case 3
Zone potentielle de changement
Case 4
Zone périphérique
Rang > rang intermédiaire
Fréquence < fréquence intermédiaire
Rang < rang intermédiaire
Fréquence < fréquence intermédiaire

La case 1 correspond au noyau de la représentation sociale de l’objet étudié, il est composé de mots qui ont à la fois une fréquence élevée et un rang faible, c'est-à-dire qu’ils sont à la fois souvent évoqués et ont une priorité plus forte que les autres mots. Les cases 2 et 3 sont composées de mots dont la fréquence et le rang ne sont pas congruents. Pour la case 2, les mots sont à la fois très fréquents, mais ont un rang élevé, pour la case 3, ils sont à la fois peu fréquents, mais ont un rang faible. Selon Vergès (Vergès, 1994), ces deux cases constituent une périphérie qui est sujette au changement contrairement au noyau. Enfin la case 4 est la zone périphérique traditionnelle, qui participe peu à la définition de l’objet étudié : cette case est composée de mots à la fois peu fréquents et avec un rang élevé.

Dans notre cas, nous devons préciser que ce que nous appelons le rang ne correspond pas à l’ordre d’apparition des mots, mais au rang attribué par les sujets aux différents mots qu’ils ont évoqués. C’est cet ordre intentionnel que nous voulions étudier puisque nous voulions étudier quelle priorité était accordée aux différentes dimensions du développement durable. Par ailleurs, le corpus doit subir un toilettage pour être analysé par ce logiciel dont nous détaillons un exemple en annexes (annexes, p. 165). Les différentes étapes suivies par le logiciel pour en arriver à ce tableau sont détaillées par Rosa (Rosa, 2003), qui précise que l’ajustement de la fréquence minimale se fait sur la base de la fréquence moyenne. Ce que nous avons effectué en la fixant à 10, mais aussi avec le rang moyen fixé à 1,5.

L’utilisation de ce logiciel nous permettra donc de définir ce qui compose le noyau central de chaque association lexicale, nous pourrons ensuite comparer ces résultats avec ceux obtenus avec le test de centralité sur les items qui sont, eux, proposés.

L’analyse du champ sémantique d’une représentation peut certes être effectuée de façon descriptive, mais aussi comparative entre deux populations différentes (Hogenraad & Morval, 1970). Ce que nous ferons aussi dans notre étude.