C . Et les items « distracteurs » ?

[Et les items « distracteurs »96 ?]

Ces items avaient vocation à casser les effets de désirabilité sociale du questionnaire. Ils présentent des idées gravitant autour du développement durable mais qui sont d’une teneur politique, et qui pour cette raison, restent sujets à débat (comme la décroissance, le greenwashing ou le néocolonialisme etc.)

Dans ce cas de figure, 50% des réponses sont sur les intervalles allant de 0 à 2, et 80% sur les intervalles allant de 0 à 3. Ceci conforte la distance qui existe entre les enjeux soulevés par ces questions, et le quotidien des répondant.e.s

Pour ce qui est du détail de chaque item, un test de Friedman nous permet de voir que les réponses sont significativement différentes les unes des autres (χ² (7) = 567,5 ; p < 0,01).

empêche les pays du sud de se développer est celui qui a un intervalle moyen le plus bas. Ainsi le développement durable est plus perçu comme un paradigme qui aide le Sud que comme un paradigme qui l’amoindrirait. L’enjeu néocolonialiste du développement durable existe donc, qu’il soit « profitable » ou non au Sud, cela dit, les répondant.e.s privilégient largement la dimension « positive » de cette emprise à la dimension négative.

Les items 17 et 8 portant sur la décroissance et le greenwashing sont les deux items le plus liés au développement durable après l’item 24. Nous remarquons que l’item 25 fait le lien entre « mieux écouter les femmes » et leur proximité avec la nature, en 4ème position. Cela montre que le naturalisme est une dimension, qui peut jouer dans les représentations de la place des femmes dans la société et ce d’autant plus que cet item a l’écart type le plus élevé, 2,5, sachant que la moyenne du groupe est de 1.

Les trois autres items (4, 12 et 15), sont des items qui ont vocation à définir ce que n’est pas le développement durable: le développement durable n’est pas contre le progrès, il n’est pas contre les libertés individuelles, et ce n’est pas dépenser de l’argent à perte. En cela, le développement durable n’apparaît pas comme étant un paradigme en contradiction avec trois éléments constitutifs des sociétés occidentales : l’utilitarisme (ne pas dépenser d’argent à perte), les droits de l’Homme (les libertés individuelles) et le progrès.

Pour ce qui est de l’effet des variables dépendantes sur ces items, aucune n’est discriminante sur le groupe des « distracteurs ». Par contre, certaines variables, le sont sur certains items, par exemple, la variable la plus discriminante est la catégorie qui l’est sur les items 4 (χ² (2) = 10,5 ; p < 0,01) au profit des catégories C, item 17 (χ² (2) = 17,45 ; p < 0,01) au profit de la catégorie A, et sur l’item 25 (χ² (2) = 12,7 ; p < 0,01) au profit de la catégorie C. Les catégories C pensent donc plus que les autres que le développement durable est aller à l’encontre du progrès, et qu’il vaut mieux écouter les femmes en raison de leur lien privilégié avec la nature, et les catégories A pensent plus que les autres que le développement durable n’est qu’un concept marketing.

La catégorie qui était une variable discrète sur les autres groupes et autres items, est ici la seule variable discriminante.

Notes
96.

Item 4 : Aller à l’encontre du progrès

Item 8 : Adopter une politique de décroissance

Item 12 : Dépenser beaucoup d’argent à perte

Item 15 : Nuire aux libertés individuelles

Item 17 : Un concept marketing utilisé par les grandes entreprises pour améliorer leur image

Item 24 : Aider les plus pauvres à moins polluer

Item 25 : Mieux écouter les femmes qui sont plus proches de la nature

Item 28 : Empêcher les pays du sud de se développer