I . L’analyse Alceste

A . L’analyse de l’ensemble des réponses aux associations lexicales

Il ressort de cette analyse Alceste quatre classes de mots (voir le détail de la composition de chaque classe en annexe, p. 176) :

  • Classe A : un développement respectueux des générations futures
  • Classe B : Le respect de notre cadre de vie et de la nature
  • Classe C : La technique du territoire
  • Classe D : La gouvernance et la planification du territoire

Cette analyse met donc en évidence les deux dimensions du développement durable. Il y a d’un côté le volet social du développement durable, qu’il soit à l’échelle de l’humanité (Classe A : un développement respectueux des générations futures) ou d’un territoire (Classe D : la gouvernance et la planification du territoire). De l’autre nous trouvons le volet environnement du développement durable, qui va de l’évocation de la nature et de la biodiversité (Classe B : le respect de notre cadre de vie et de la nature), à la maîtrise de l’environnement à l’échelle territoriale (Classe C : la technique du territoire).

Le dendogramme montre aussi que le rapprochement entre les classes de mots se fait aussi entre une vision territoriale et une vision générale du développement durable, rapprochant dans un premier temps les classes de mots A et B, et C et D :

Dendogramme 1 . Analyse Alceste de l’ensemble du corpus
Dendogramme 1 . Analyse Alceste de l’ensemble du corpus

Nous procéderons ensuite à l’analyse des résultats à l’aide des analyses factorielles d’une part des évocations et d’autre part des mots étoilés afin de mieux analyser les correspondance des classes de mots à nos variables :

Graphique 2 . Analyse factorielle Alceste de l’ensemble des réponses aux associations lexicales
Graphique 2 . Analyse factorielle Alceste de l’ensemble des réponses aux associations lexicales
Graphique 3 . Analyse factorielle Alceste de l’ensemble des réponses aux associations lexicales
Graphique 3 . Analyse factorielle Alceste de l’ensemble des réponses aux associations lexicales

Si nous regardons ces analyses factorielles nous pouvons voir que les réponses aux questions 1 (développement durable) et 2 (environnement) ainsi que les réponses aux questions 4 (économie) et 5 (développement durable dans la collectivité) sont groupées chacune aux extrêmes de l’axe horizontal expliquant 51% de la variance… Mais aussi que les réponses à la question 3 (social/société), sont à part de ces deux groupes, montrant peut-être par là leur singularisme : si l’environnement est assimilable au développement durable, l’économie au développement durable mis en œuvre par la collectivité, le social lui, ne l’est à aucun d’eux.

Nous constatons que les mots étoilés caractéristiques de chaque classe de mots correspondent en majorité aux variables que nous avons identifiées précédemment : le sexe et la filière. Par ailleurs, la catégorie d’appartenance qui était une variable plutôt marginale, est ici un mot étoilé qui est déterminant sur les quatre classes. Si nous regardons dans le détail, nous pouvons voir que la classe C concernant la gestion technique du territoire est caractéristique des réponses des hommes (en bleu), et la classe D, concernant la gestion prospective du territoire (en jaune), est caractéristique des réponses des femmes.

Pour ce qui est des catégories, les réponses des agents de catégorie C sont caractéristiques de la classe C, c’est-à-dire de l’aspect technique du développement durable, ce qui correspond aux travaux dont ils sont en majeure partie en charge au sein de la collectivité. Les réponses des agents de catégorie B sont caractéristiques de deux classes, la classe B sur le respect du cadre de vie, et de la classe D sur la gouvernance du territoire : ils évoquent donc des dimensions du développement durable par une vision abstraite du volet environnement, et d’une vision concrète du volet social. Et enfin, pour ce qui est des agents de catégorie A, leurs réponses sont caractéristiques de la classe A portant sur les générations futures.

Nous retrouvons donc la différence entre les préoccupations des hommes et des femmes, les uns sont plus sensibles à l’aspect environnement et à sa mise en œuvre technique, tandis que les secondes sont plus sensibles à l’aspect social sur un plan pragmatique. Les agents de catégorie C sont plus présents sur les aspects techniques et environnement, tandis que les agents de catégorie A sont présents sur les principes de l’aspect social. Les agents de catégorie B concilient les deux, ils sont à la fois caractéristiques d’une classe environnement et d’une classe sociale. Nous pouvons en déduire que, compte tenu de leur positionnement dans l’institution, plus l’agent a un statut élevé plus il a une vision sociale du développement durable, plus l’agent à un statut bas plus il a une vision environnementale du développement durable. Pour les femmes et les hommes, c’est le contraire, les femmes ont une vision sociale tandis que les hommes ont une vision environnementale. Nous ne pouvons donc pas généraliser ces résultats en termes dominants/dominés.

Analysons maintenant ce qu’il en est de la question 1.