D . L’analyse de ces résultats

Ce que nous retiendrons de cette analyse est que le nombre de classes obtenues sur les questions 1 et 6 sont quasiment identiques, montrant par là la même segmentation des corpus, et donc la même effervescence de thèmes abordés. Mais si nous regardons ces thèmes, nous nous apercevons que le social au moins aussi présent, si ce n’est plus, dans le corpus de la question 1, laisse place à la quasi omniprésence de l’environnement dans le corpus de la question 6 : il y a donc un décalage entre le développement durable évoqué généralement et spécifiquement en lien avec la collectivité, et cette différence s’opère sur la disparition du volet social.

Par ailleurs, cette segmentation du corpus montrant par là une hétérogénéité des thèmes abordés par les sujets, a lieu sur les résultats de deux questions portant sur le développement durable, la première de façon abstraite, la seconde de façon contextualisée. Cela témoigne de la richesse de ce qui est entendu par développement durable.

Le volet social est évoqué avant tout par les agents de catégorie A, tandis que les agents de catégories C évoquent plutôt le volet environnement. La différence entre les hommes et les femmes est mouvante selon le corpus analysé : lorsque l’analyse porte sur l’ensemble du corpus, elle se situe sur le volet social et le volet environnement ; lorsqu’elle porte sur la question 1, les hommes sont dans l’agir et les femmes dans la prise de conscience, mais tous deux sont dans le volet social ; et enfin, lorsqu’elle porte sur la question 6, ils sont tous deux sur les transports, mais les femmes dans l’exemplification et les hommes dans le général. Pour résumer, même si cela est un peu simple, les hommes ont une approche générale quand il s’agit d’évoquer du concret, et une approche concrète quand il s’agit d’évoquer du général. Les femmes elles, sont pragmatiques quand il s’agit d’exemplifier, et générales quand il s’agit d’évoquer le développement durable de façon abstraite !

La différence entre filières est surtout visible sur l’analyse de la question 1, entre ingénieur.e.s et administrateur.e.s, les ingénieur.e.s évoquant la protection des ressources naturelles, les administrateur.e.s la prise de conscience politique et sociale ainsi que dans la protection de la nature. La différence entre filières ne s’exprime donc, non seulement que sur cette question, et uniquement au sein des agents de catégorie A.

Et enfin, nous notons que déclarer faire du développement durable dans la sphère privée ou professionnelle est caractéristique de classes seulement dans l’analyse de la question 6, c'est-à-dire quand il s’agit d’évoquer les actions de la collectivité en matière de développement durable, et notamment la sensibilisation au développement durable qu’entreprend la collectivité. Nous pouvons en déduire qu’être sensible au développement durable ou non n’influence pas tant les représentations sociales du développement durable que la sensibilisation faite sur cette question…

Ainsi, si la variable catégorie était relativement invisible dans l’analyse des interactions des variables entre elles, elles sont ici caractéristiques de certaines classes de mots, sociales pour les agents de catégorie A, environnement pour les agents de catégorie C. Par contre, les filières qui étaient pertinentes ne le sont plus ici, en dehors de l’analyse de la question 1 et pour les réponses des catégories A, les ingénieurs étant sur la protection des ressources naturelles, les administrateurs dans la prise de conscience politique. Pour ce qui est des réponses des hommes et des femmes, les femmes sont dans le social et les hommes dans l’environnement quand il s’agit d’analyser l’ensemble du corpus, puis les femmes témoignent à la fois de pragmatisme et d’un souci de « prise de conscience » quand les hommes sont dans le global et l’action.

Ajoutons que si le volet social est largement présent quand il s’agit d’évoquer le développement durable de façon générale, il disparaît quand il s’agit d’exemplifier l’action de la collectivité en termes de développement durable.

Avant d’entamer l’analyse de notre corpus à l’aide d’Evoc 2000, nous proposons le tableau récapitulatif suivant :