b . L’analyse des réponses des hommes et des réponses des femmes

Voici le résultat de l’analyse Evoc165 pour les hommes et les femmes :

Tableau 25 . Résultat de l’analyse Evoc sur le mot « développement durable » sur les réponses des hommes et les réponses des femmes
Tableau 25 . Résultat de l’analyse Evoc sur le mot « développement durable » sur les réponses des hommes et les réponses des femmes

Ce qui est remarquable est qu’il ne se dégage pas de noyau central des évocations des hommes, alors qu’il s’en dégage un des femmes composé de deux évocations : « environnement » et « respect ». Le noyau des évocations des femmes est donc plus riche que celui dégagé sur l’ensemble des réponses. Par ailleurs, le rang de leurs évocations est inférieur à ceux des évocations de l’ensemble des réponses. Nous pouvons en conclure que les femmes ont des représentations plus denses et plus structurées du développement durable que les hommes, mais aussi qu’elles donne une plus grande priorité encore à l’environnement. L’évocation de la protection dans le noyau est peut-être à mettre en lien avec une vision typique, voire stéréotypée des femmes, de leur lien avec le monde : il faut le respecter.

Ainsi, si la quasi équivalence entre le développement durable semble acquise, elle est ici à nuancer : chez les hommes elle n’apparaît pas comme telle bien qu’elle reste l’évocation la plus importante, mais qui reste en dehors du noyau central.

Dans la seconde zone d’évocation se trouvent donc pour les hommes les évocations de l’ « environnement » et des « ressources » tandis que pour les femmes c’est l’évocation de l’ « économie » qui est la seule à occuper cette zone. Si les femmes alliaient dans le noyau l’environnement et la protection, les hommes allient l’environnement aux ressources. Se trouvent donc les deux représentations de la nature, l’une écocentrée chez les femmes, l’autre anthropocentrée chez les hommes.

Dans la troisième zone d’évocation on retrouve chez les femmes l’évocations de la dimension transgénérationnelle avec « générations » et « futures », si c’est aussi le cas chez les hommes pour le premier, la second est en quatrième zone. Comme pour le respect qui est très saillant chez les femmes, le mot « protection » figure dans cette zone, alors qu’il est inexistant chez les hommes, figure aussi la « préservation ». Le mot « planète » leur est commun, tout comme le mot « générations ». Et enfin, cette zone qui est beaucoup plus riche chez les femmes, comprend les « ressources » et les « énergies ». Les hommes sont les seuls à évoquer la « nature », que l’on retrouve en quatrième zone avec l’adjectif « naturel », lui aussi absent des évocations des femmes. Le mot nature renvoie à une vision écocentrée de celle-ci, complétant la vision anthropocentrée déjà évoquée dans les zones précédentes chez les hommes.

La quatrième zone est beaucoup plus riche chez les hommes que les femmes. Y figurent des mots qui sont présents aussi chez les femmes mais dans les zones précédentes (« futures », « préservation », « respect », « économie » et « énergie »), mais aussi des mots qui sont particuliers aux hommes comme « naturel », « pour », « vie » et « développement ». Le seul mot qui leur est commun est… « social », confirmant ainsi la moindre importance qu’il occupe dans le développement aussi bien pour les hommes que les femmes. Enfin l’évocation qui est propre aux femmes dans cette zone est l’ « écologie ». Ainsi, le côté « militant » de la protection de la nature ne ressort que chez les femmes, bien que ce soit les hommes qui évoquent la nature. Par ailleurs, la présence du mot « développement » chez les hommes et pas chez les femmes va dans le sens de ce que nous voyions précédemment : les femmes sont dans la préservation, la protection, les hommes dans le développement.

Ainsi, cette première analyse montre un contraste saisissant entre les évocations des hommes et celles des femmes : les représentations sociales du développement durable apparaissent comme structurées avec un noyau, tandis que les évocations des hommes sont d’autant plus importantes que l’on s’éloigne du noyau qui est inexistant. Les femmes hiérarchisent d’autant plus les trois volets que l’environnement est dans le noyau, l’économie dans la seconde zone et le social dans la dernière, tandis que les hommes ne mettent l’environnement qu’en seconde zone, l’économie et le social en quatrième zone. Il se dégage des évocations des femmes une vision écocentrée de la nature bien qu’elle ne l’évoque pas, et de celles des hommes une vision anthropocentrée bien qu’ils évoquent, eux, la nature. Et enfin, contrairement à ce que le test de centralité montrait, la dimension transgénérationnelle ne se situe pas dans le noyau des évocations.

Notes
165.

Nous avons écrit en rouge les évocations particulières aux hommes et aux femmes, et en italiques les évocations qui sont particulières aux hommes et aux femmes mais se situant dans des zones d’évocation différentes.