II . Se sentir appartenir à un groupe privilégié ou non privilégié

Au-delà de l’appartenance socioprofessionnelle ou sexuée à un groupe dominé ou dominant des répondants, nous voulions tester le sentiment d’appartenir ou non à un groupe privilégié afin de le croiser à une appartenance structurelle à un groupe dominant ou dominé171. C’est ce que nous proposons dans la quatrième hypothèse :

Hypothèse 4 : Le positionnement comme se sentant appartenir à un groupe privilégié ou non est en lien avec l’appartenance à un groupe dominant ou dominé structurellement

Nous pouvons dire que les répondant.e.s se sentent appartenir à un groupe privilégié puisque la moyenne des réponses est de 8,8 (sur une ligne de 10 cm). Nous pouvons voir que les deux variables discriminantes sont la catégorie (² (2)= 20,98 ; p < 0,01) et la filière (² (1) = 7,5 : p < 0,01), tandis que le sexe ne l’est pas. Ainsi, l’appartenance sexuée ne semble pas jouer dans cette évaluation pour les répondants. Par contre, les répondants appartenant à la catégorie C et à la filière administrative, qui sont des groupes structurellement dominés, se sentent effectivement appartenir à un groupe moins privilégié que les répondant.e.s appartenant à la catégorie A et à la filière technique qui sont des groupes structurellement dominants.

Nous avons pu voir que le positionnement des répondant.e.s comme appartenant plus ou moins à un groupe privilégié est en corrélation avec les items femmes (r = -0,15 ; n = 230 ; p < 0,05) (dont l’item distracteur (r = -0,22 ; n = 224 ; p < 0,01)) et avec les items liés à la gouvernance participative (r = -0,45 ; n = 228 ; p < 0,05). Bien que le sexe ne soit pas discriminant, nous pouvons constater que se positionner comme non privilégié est en corrélation avec l’exigence d’égalité hommes/femmes, mais aussi avec une redistribution du pouvoir de décision. Si nous regardons les réponses des hommes et les réponses des femmes, nous constatons qu’il ne subsiste que la corrélation avec l’item 25 (r = -0,2 ; n = 109 ; p < 0,05) pour les femmes, item distracteur mettant en lien les femmes et la nature. Ainsi la naturalisation des rapports sociaux de sexe est pertinente pour les femmes se sentant moins privilégiées. Peut-être que l’idée de nature permet de légitimer ce que ne permet pas d’instaurer l’ordre social.

Par ailleurs, ce positionnement comme plus ou moins privilégié influence l’évaluation de l’inégalité Nord/Sud.

Nous pouvons donc dire que le positionnement des répondants, comme plus ou moins appartenant à un groupe privilégié, est en lien avec l’appartenance à une filière qui sont des groupes structurellement dominant ou dominé, mais ce n’est pas le cas de l’appartenance sexuée. Par ailleurs, ce positionnement est en corrélation avec des items de la question 3, notamment ceux portant sur l’égalité hommes/femmes et la gouvernance, mais aussi l’évaluation de l’inégalité entre le Nord et le Sud. Ainsi, ce positionnement est bien en lien avec des dimensions du volet social, mais de façon très spécifique à certains items. Ce qui confirme partiellement l’hypothèse 4. Par ailleurs, pour les femmes nous pouvons voir que la naturalisation des rapports sociaux de sexe est en corrélation avec un positionnement d’appartenance à un groupe moins privilégié, alors que pour les hommes cette naturalisation n’empêche pas l’égalité.

Notes
171.

Question 5 du questionnaire : A quel point pensez-vous appartenir à un groupe privilégié ?