b . Être un agent de catégorie A, B ou C

Enfin, nous voyons en quoi être un agent de catégorie A, B ou C est déterminant dans l’institution pour penser le développement durable.

Hypothèse 9.C : le positionnement comme agent de catégorie A, B ou C

Pour ce qui est du volet social, nos échanges avec les agents techniques de subdivision, montrent que ces derniers sont plus sensibles au volet non pas social dans son ensemble, mais spécifiquement sanitaire du développement durable que le reste des participant.e.s aux questionnaires. Ils font ainsi le lien entre leurs conditions de vie et de travail et leur santé, dénonçant souvent l’écologie comme une préoccupation de riches (avec leur salaire, ils ne peuvent pas acheter de produits bios) ou de cadres (ce qui intéresse les gens dans les bureaux, c’est la productivité et non leurs conditions de travail). Le développement durable devient alors un argument pour des revendications salariales « contre » ou « auprès » des personnels encadrants, alors que pour le personnel encadrant le développement durable est un argument en lien avec une sobriété écologique : certain.e.s veulent plus tandis que d’autres veulent moins. Cela montre encore à quel point le volet social, peut être clivant, ici entre les différentes catégories socioprofessionnelles. Cela est confirmé par les réponses à la question 7186 : en effet, nous avions vu que cette préférence pour le volet environnement n’était pas partagée par tous les agents et notamment par les agents de catégorie C, qui sont majoritairement favorables à la sauvegarde de l’environnement (58,5%) mais sans que cela soit significatif (test binomal ; NS).

Cela témoigne de l’enjeu que représente le développement durable entre les différentes catégories socioprofessionnelles : les agents de catégorie C tiennent au volet social tandis que les agents des catégories A et B sont principalement en faveur de l’environnement. En tout état de cause, si les justifications du choix « environnement » jouent clairement la carte de la priorité environnementale, les justifications du choix « social » jouent, elles, la carte de la conciliation du social et de l’environnement, que cette conciliation soit présentée comme une alliance des contraires (avec le « quand même ») ou comme une réalisation exhaustive du développement durable. Ce sont donc bien les dominés qui font la promotion d’une vision, si ce n’est sociale, du moins équilibrée du développement durable.

Enfin, nous n’avons pas trouvé de différence significative dans les réponses portant sur les groupes d’items illustrant la solidarité horizontale ou spécifique du volet social ou même le volet social du développement durable. La variable de la catégorie ne devient significative que lorsque les répondants sont contraints de choisir entre environnement et social. L’analyse lexicale Alceste des réponses au mot « développement durable » montre même que les agents de catégorie C évoquent plutôt une classe de mots en lien avec l’environnement et le technique, tandis que les agents de catégorie A évoquent plutôt une classe de mots en lien avec le volet social et prospectif du développement durable. L’analyse lexicale Alceste des réponses au développement durable dans l’institution montre un résultat similaire : les agents de catégorie A évoquent le social, les agents de catégorie C, l’environnement. On obtient donc des résultats qui contredisent ce que nous avons expliqué précédemment…

Cela montre la grande complexité de l’étude des représentations sociales, puisque nous obtenons des résultats antithétiques en fonction de la forme de la question posée, mais aussi la complexité des représentations sociales du développement durable. Nous voyons bien que quand il s’agit d’évoquer librement le développement durable, les agents de catégorie A se retrouvent dans le volet social et les agents de catégorie C dans le volet environnement. Cette tendance est inverse quand il s’agit de hiérarchiser les deux volets. Nous pouvons donc difficilement confirmer ou même infirmer l’hypothèse 9C.

Notes
186.

Dilemme social/environnement