1. 1. Les travaux pionniers d’Ebbinghaus sur la répétition

La question de la répétition est une des premières questions abordées par la psychologie expérimentale puisque l’instigateur de celle-ci, Hermann Ebbinghaus, mena une série d’expériences visant à mettre au jour les lois régissant l’effet des répétitions sur la rétention des informations. En 1885, Ebbinghaus partit du postulat qu’il existe un nombre de répétitions nécessaire à l’apprentissage d’une série de syllabes sans signification, et s’interrogeait sur ce qui se passerait si le nombre de répétitions ayant réellement lieu était en-deça de ce seuil ou, au contraire, au-delà.

Comme la « profondeur d’impression » du souvenir -notion que nous exprimons aujourd’hui par celle de force de la trace mnésique- n’est pas directement mesurable selon l’auteur, celui-ci la définit expérimentalement par la facilité avec laquelle le souvenir est re-produit à un moment donné après son apprentissage. Il mesurait cette facilité par la quantité de travail, ou d’effort, économisée lors du réapprentissage d’une série, en comparaison avec le travail normal à réaliser pour apprendre une toute nouvelle série. Ainsi, l’économie au réapprentissage est censée refléter la force du souvenir. Ebbinghaus choisit arbitrairement 24 h comme la durée entre l’apprentissage initial et le moment du réapprentissage où l’on évalue la rétention du matériel. Il découvrit que la rétention était proportionnelle au nombre de répétitions ayant lieu lors de l’apprentissage initial. Ainsi, plus l’information est répétée, plus elle donne lieu à un souvenir fort. De façon intéressante, Ebbinghaus a observé, en comparant les résultats de plusieurs de ses expériences, qu’il était plus avantageux pour le réapprentissage de réaliser l’ensemble des apprentissages sur des jours différents plutôt que de réaliser l’ensemble des apprentissages en une seule fois.