1. 3. 1. À court terme

Dans cette partie nous abordons l’effet d’intervalle sur le court terme, c’est-à-dire lorsque les répétitions sont réalisées au sein d’une liste. Un des premiers à avoir étudié cette question fut Melton en 1970, qui postulait que plus l’IIR était grand, meilleure était la rétention ultérieure. Autrement dit, la rétention finale était le résultat d’une fonction monotone croissante de l’IIR. Rapidement, cette hypothèse a été contredite expérimentalement. Par exemple, Glenberg (1976) a observé que la performance de rétention en fonction de l’IIR décrivait une fonction parfois monotone croissante et parfois non-monotone, c’est-à-dire décrivant une courbe en U inversé. La forme de la fonction différait selon plusieurs paramètres comme la durée du délai de rétention et la tâche mnésique utilisée pour mesurer la rétention.

Figure 2 : Reproduction des résultats de l’étude de Glenberg (1976, Expérience 1). Taux de bonnes réponses au rappel indicé en fonction de l’IIR et du DR, tous deux mesurés en nombre d’items.

La Figure 2 représente les résultats de Glenberg 1976 (Expérience 1) dans laquelle les participants devaient apprendre un ensemble de paires de mots, puis devaient répondre à une tâche de rappel indicé en fournissant le mot associé en réponse à la présentation d’un mot seul. Sur la figure est représenté en abscisse l’IIR, mesuré en nombre d’événements intercalés, et en ordonnées la performance à la tâche de rappel indicé. Les quatre courbes représentent la performance après quatre DR différents. Le DR était lui-même mesuré en nombre d’événements intercalés, puisque les essais de présentation des paires et les essais de rappel indicé étaient mélangés au sein de la session expérimentale. Glenberg a observé que la courbe était non monotone, c’est-à-dire décrivait une courbe en U inversé, suite à un délai de rétention court, comme ici 2 ou 8 événements. Et dans ce cas, l’IIR optimal était de 4 à 8 événements. À l’opposé, la courbe était monotone croissante suite à un délai de rétention long, comme ici 32 ou 64 événements. Ainsi, la durée de l’IIR faisait varier la forme de la courbe de performance. Les études ultérieures ont confirmé la variabilité de la forme de cette fonction : celle-ci est parfois monotone croissante (e.g., Hintzman, Summers, Eki, & Moore, 1975 ; Hintzman, et al., 1975), parfois en forme de U inversé (e.g., Verkoeijen, Rikers, & Schmidt, 2005 ; Toppino & Bloom, 2002).