2. 1. 3. Le modèle de Glenberg (1979)

La théorie de Bower (1972) n’a cependant pas été élaborée pour expliquer directement les effets d’espacement ou d’intervalle. Glenberg (1979) a fait une synthèse générale des théories de la variabilité de l’encodage (Bower, 1972 ; Estes, 1955 ; Martin, 1968 ; Glenberg, 1976) en l’affinant afin qu’elle rende compte des effets de pratique distribuée. Pour résumer, sa théorie énonce qu’ « un stimulus subit des changements d’encodage de présentation en présentation, et l’amplitude du changement est positivement corrélée avec l’espacement des présentations. Ces changements dans l’encodage ajoutent de l’information à la représentation épisodique des présentations du stimulus et sous-tendent les améliorations de performance. » Cette énonciation est similaire aux formulations antérieures. Le changement majeur par rapport aux théories précédentes est que l’auteur n’évoque pas l’idée qu’on encoderait différemment les items répétés, c’est-à-dire que les processus d’encodage seraient de nature différente au fil des répétitions. Il propose plutôt que ce sont les éléments contextuels stockés dans la trace aux côtés de la représentation du stimulus qui varient, mais que, dans la trace, l’élément focal (c’est-à-dire représentant le stimulus lui-même) est encodé de la même façon.

La particularité de cette théorie dans l’explication des effets de pratique distribuée est d’insister sur trois points essentiels. Premièrement, une répétition est potentiellement efficace dans la mesure où la seconde présentation permet le stockage d’informations distinctes de celles stockées lors de la première présentation. Deuxièmement, la réalisation de ce potentiel est contrôlée par les conditions présentes au moment de la tâche de récupération, c’est-à-dire l’environnement présent lors de cette récupération. Troisièmement, la théorie énoncée par Glenberg postule que les effets d’espacement peuvent être dus à la variation de l’encodage de plusieurs types de composants de l’information. Trois types de composants sont considérés comme importants dans les tâches de mémoire verbale : les composants contextuels, descriptifs, et structurels, que nous définirons plus loin. Nous décrirons dans un premier temps les mécanismes en jeu lors des processus d’encodage et de stockage selon cette théorie, puis ceux mis en jeu lors des processus de récupération, ce qui permettra enfin d’expliquer les effets de la pratique distribuée couramment observés.