Les processus de récupération

Se souvenir d’un stimulus spécifique nécessite de récupérer la trace épisodique représentant l’occurrence de ce stimulus dans l’expérience. L’accès aux traces est rendu possible, entre autres, par des indices de récupération, qui sont les éléments présents dans l’environnement au moment où la récupération est réalisée. Pour permettre effectivement de récupérer une ou des trace(s) épisodique(s) stockée(s), ces indices doivent contenir des composants similaires aux composants inclus dans les traces, et, par conséquent, des traces elles-mêmes. Ainsi, par similarité, les composants de l’indice déclencheront une activation temporaire des composants identiques stockés dans les traces. Selon la théorie de Glenberg (1979), le degré d’activation d’un composant dans une trace individuelle est inversement lié au nombre de traces dans lesquelles ce composant est inclus, c’est-à-dire sa généralité. Ainsi, plus un composant est général, c’est-à-dire présent dans de nombreuses traces, moins il va déclencher une activation forte des traces qui le contiennent. À l’opposé, un composant de l’environnement très spécifique à une trace unique va entraîner l’activation intense de ce composant dans cette trace. D’une façon générale, le degré avec lequel une trace est activée est proportionnel à la somme des activations de ses composants individuels. Par conséquent : 1) l’activation de la trace et sa récupération sont fonction du nombre de composants partagés par l’indice et la trace ; 2) l’activation de la trace est faible lorsque les composants de la trace ou de l’indice sont généraux ; 3) l’activation de la trace augmente avec le nombre de composants inclus dans la trace.

Les composants spécifiques présents dans les indices dépendent de la nature du test de mémoire, c’est-à-dire de l’information disponible au moment du test. Typiquement, cette information inclut les consignes, le contexte au moment du test et les indices explicites de récupération fournis. Les indices et leurs effets diffèrent également selon le type de tâche demandée au sujet.

Dans le cas d’une tâche de reconnaissance, on fournit au sujet des copies physiques des stimuli originaux ainsi que des distracteurs et il a pour tâche de discriminer les items anciens des items nouveaux. Le sujet commence la tâche en encodant les stimuli un par un, et produit donc des indices comportant à la fois les composants descriptifs des stimuli et les composants contextuels instanciés à ce moment-là. Ces indices activent alors des composants identiques contenus dans les traces en mémoire. Si la reconnaissance se produit après un court DR, alors les composants contextuels de l’indice vont activer les traces contenant des composants contextuels similaires, et donc des traces récentes. En effet, le contexte fluctue de façon progressive et régulière, et par conséquent celui-ci n’aura pas beaucoup fluctué depuis les occurrences récentes. Après des DR plus longs, les composants contextuels jouent un rôle décroissant dans l’accès aux traces pour deux raisons. Premièrement, après un long DR, les composants contextuels de l’indice ne correspondent pas aux composants contextuels des traces mnésiques, donc les composants de l’indice n’activent aucun composant des traces. En effet, le contexte aura eu le temps de fluctuer de façon très importante. Deuxièmement, les composants contextuels partagés par l’indice et par la trace sont alors inclus dans de nombreuses traces (i.e., ils sont très généraux), et ainsi chaque trace sera seulement faiblement activée. En réalité, en tâche de reconnaissance, la source prédominante d’activation de traces sera l’ensemble des composants descriptifs. L’indice, c’est-à-dire le stimulus présenté, contient un grand nombre de composants descriptifs uniques. Généralement, si l’indice est physiquement identique à un mot présenté antérieurement, la trace de l’item sera fortement activée et entraînera la reconnaissance de cet item. D’autre part, si l’encodage des composants descriptifs lors de la tâche de reconnaissance est radicalement différent de l’encodage lors de l’apprentissage, alors l’indice ne va pas permettre de récupérer la trace.

Les mêmes processus sont en jeu dans d’autres types de tâches mais avec des composants d’autres niveaux. Dans le cas d’un rappel libre, les seuls indices disponibles sont ceux de l’environnement présent lors du test. En effet, dans une tâche de rappel libre, le sujet à pour tâche de récupérer les informations qu’il a encodées auparavant, sans bénéficier d’aucun indice explicite, contrairement à la tâche de reconnaissance. Après un DR court, les composants contextuels locaux vont activer les traces qui comportent des composants similaires, c’est-à-dire ceux traités en fin d’apprentissage. Ce ne sera pas le cas après un long DR puisque ce seront alors les composants contextuels globaux qui déclencheront les activations de toutes les traces. Comme ces composants sont inclus dans les traces de tous les items appris, cependant, l’indice est relativement peu efficace. Il faut également mentionner que les traces récupérées avec les indices contextuels peuvent elles-mêmes devenir des sources d’indices de récupération.