3. 3. 4. Rôle du sommeil dans la consolidation

Certains auteurs estiment que les réactivations spontanées pendant le sommeil permettent la consolidation des souvenirs et le transfert des représentations mnésiques de l’hippocampe vers les régions corticales. Le sommeil peut donc potentiellement avoir un rôle dans les effets de pratique distribuée lorsque l’apprentissage se déroule sur plusieurs jours. Il a en effet été montré qu’un intervalle de sommeil qui suit un épisode d’apprentissage favorise la rétention des informations par rapport à une période d’éveil (e.g., Drosopoulos, Wagner, & Born, 2005 ; Gais, Lucas, & Born, 2006). Ellenbogen et al. (2006 ; 2009) ont montré qu’en plus d’un simple renforcement basique des traces mnésiques, le sommeil aurait une action spécifique de protection des acquisitions envers les interférences à venir. Schématiquement, après une période d'éveil, les souvenirs resteraient sensibles à l'interférence, mais après une période de sommeil ils y seraient résistants.

Au plan cérébral, un certain nombre d’études ont été réalisées chez l’humain, qui ont montré que lors du sommeil, les patterns d’activation cérébrale observés pendant l’apprentissage sont reproduits, notamment au niveau de l’hippocampe (Ji & Wilson, 2007 ; Maquet et al., 2000 ; Peigneux et al., 2004). Une des hypothèses les plus défendues actuellement est celle de la consolidation systémique : ces réactivations seraient associées au transfert des souvenirs de l’hippocampe au néocortex (dont nous avons déjà parlé dans la section 3.3.1). Il a également été émis l’hypothèse selon laquelle le sommeil permettrait une recalibration synaptique dans les régions cérébrales dans lesquelles les apprentissages de la journée ont conduit à des phénomènes de potentialisation synaptique (Tononi & Cirelli, 2006).

Un plus ample développement des effets du sommeil sur la mémoire serait hors du cadre du présent travail. Pour une revue de ces études, voir Diekelman (2010). Cependant, il est indispensable de mentionner le rôle du sommeil dans notre problématique puisque lorsque les répétitions sont réparties sur plusieurs jours, les IIR contiennent des périodes de sommeil. De plus, le facteur sommeil n’est pas présent lorsque les études se produisent sur une courte échelle de temps. Par conséquent, ce qui se produit lorsqu’un épisode de sommeil est intercalé entre deux répétitions ou entre l’apprentissage et la récupération finale n’est probablement pas l’équivalent « en plus grand » de ce qui se produit dans les études à court terme. Nous reviendrons sur ce point dans la discussion générale.