Définition du « contexte »

Ces effets font apparaître la nécessité de définir précisément ce que l’on entend par contexte expérimental. Nous avons vu dans le chapitre 2 que selon Bower (1972), le contexte est constitué de nombreux éléments de nature différente. On peut distinguer les éléments extérieurs composant l’environnement physique (i.e., la pièce où a lieu l’expérience, la luminosité, les items adjacents à l’item cible dans la liste, etc…) mais également les éléments psychologiques, internes au sujet (i.e., les sensations physiologiques comme la faim, l’état émotionnel, le questionnement sur les buts de l’expérience, etc…). Glenberg (1979) considérait que les composants dits contextuels sont ceux qui contiennent les éléments de l’environnement physique, le temps, et les états affectifs et cognitifs du sujet. Mais il ne faisait pas particulièrement la distinction entre les différents types. Concernant les éléments psychologiques, ou plus généralement l’état interne du sujet, Eich (1995) proposait que le fait d’observer de meilleures performances mnésiques lorsque le lieu de récupération est le même que le lieu de l’encodage pourrait en fait être médié, non pas par le lieu en tant que tel, mais par l’humeur (mood) du participant. Ce ne serait pas les éléments environnementaux (e.g., les caractéristiques physiques de la pièce) qui seraient encodés dans les traces et qui serviraient d’indices de récupération, mais les états d’esprit associés aux lieux. Les expériences réalisées par Eich suggèrent que l’effet de concordance entre lieu d’encodage et lieu de récupération n’est pas dû à la plus ou moins grande similarité entre les lieux mais à la similarité entre les émotions (mood) évoquées par les lieux. En effet, lorsque les lieux étaient différents lors de l’encodage et de la récupération, le rappel était plus élevé lorsque ces deux lieux évoquaient des émotions similaires. À l’inverse, quand les lieux étaient différents, le rappel était facilité si l’état émotionnel était similaire (la similarité subjective entre les états lors de la première session et lors de la deuxième session était estimée par le biais d’un questionnaire). Smith (1995) considérait plutôt que c’est la situation mentale (mental set) dans son ensemble, et non pas simplement l’humeur, qui serait responsable des effets de l’environnement sur la mémoire.

Cette très succincte revue de la littérature suggère qu’il n’est pas évident que tous les types d’éléments contextuels (environnementaux, internes, etc…) jouent le même rôle fonctionnel dans les processus mnésiques. Nous allons donc nous pencher sur cette question dans le cas spécifique où des répétitions de stimuli entrent en jeu.