6. 7. Perspectives de recherche

En premier lieu, il s’avère indispensable de conduire de nouvelles études dans le but de répliquer l’effet de modulation de l’effet de l’agencement par le délai de rétention (comme observé dans l’Expérience 3). En particulier, il serait très intéressant de reproduire les Expériences 1 et 2 avec un délai de rétention plus long, par exemple deux semaines. Si notre hypothèse que l’agencement expansif est associé au taux d’oubli le plus faible est correcte, alors l’écart entre les résultats de l’agencement expansif et ceux des autres agencements devrait être amplifié dans l’Expérience 1 et devrait apparaître dans l’Expérience 2.

Par ailleurs, il est également nécessaire de continuer à explorer l’hypothèse de la récupération en phase d’étude. L’idéal serait de ne pas avoir à modifier la tâche d’apprentissage (comme nous l’avons fait dans l’Expérience 2 en y ajoutant une tâche de reconnaissance), ce qui peut possiblement interagir avec les effets d’agencement. Toutefois, l’apport des techniques d’imagerie pourrait peut-être apporter de nouveaux éléments. Une étape préalable sera alors d’étudier la situation, plus simple, où seulement deux occurrences surviennent sur plusieurs jours, séparées par un IIR court (e.g., 1 jour) ou par un IIR long (e.g., 7 jours) ; on pourrait alors faire réaliser les sessions correspondant à P1, à P2, et au test dans le scanner IRM et comparer les activations cérébrales induites par ces deux conditions. Ces résultats apporteraient peut-être des informations sur les processus de récupération en phase d’étude et sur les effets d’amorçage à long terme. Par exemple, on pourrait examiner si les effets d’une répétition après 24 h sont similaires à ceux d’une répétition après 7 jours. On peut également se demander si les activations observées lors du rappel sont différentes selon la durée de l’IIR à l’apprentissage. Il faut cependant s’attendre à des difficultés techniques liées par exemple au fait que de nombreux essais doivent être réalisés pour que les résultats soient exploitables. En tout état de cause, un champ entier d’étude (initié par Wagner et al., 2000) reste à explorer.

Il existe une autre possibilité pour tester l’hypothèse de la récupération en phase d’étude sans modifier la tâche. Dans un agencement contractant à long terme, on peut considérer que l’épisode P2 survient trop tard dans le temps et que, par conséquent, cet agencement pâtirait du fait que les traces de P1 ne peuvent pas être récupérées lors de P2. On pourrait explorer cette hypothèse en comparant les performances mnésiques finales associées à un agencement contractant donné (par exemple X----------XX) avec celles d’un agencement identique mais ne comportant pas l’épisode P1 (par exemple -----------XX). Si l’hypothèse est correcte, les deux conditions devraient mener à des performances identiques.

Enfin, une question intrigante est celle de l’efficacité relative de plusieurs agencements expansifs ; en effet, pour un même temps total d’étude et un même nombre de présentations, différents agencements expansifs peuvent être conçus, en fonction notamment de la durée du premier IIR. On pourrait par exemple comparer un agencement de type X-X--------X avec un agencement de type X---X------X. En effet, il a été suggéré dans la littérature de l’agencement à court terme que ce serait principalement le premier intervalle qui détermine l’efficacité de l’agencement (e.g., Karpicke & Roediger, 2007). Cette hypothèse, en lien avec la théorie de la récupération en phase d’étude, pourrait alors être explorée sur une longue échelle de temps.

Malheureusement, l’exploration de ces effets est limitée par les contraintes techniques dues à la nécessité pour les participants de se rendre au laboratoire à plusieurs reprises. Une solution à cette contrainte peut être alors de faire réaliser les sessions via Internet (comme dans l’Expérience 1), ce qui permet au sujet de s’affranchir de déplacements contraignants.