Concernant les températures, seules les données issues de la station de Dorudzan vont être prises en compte. En effet, la station de Neyriz est située à une altitude de 2100 m, vue l’importance de l’altitude sur les valeurs de température, il est préférable de ne pas prendre en compte les données enregistrées à Neyriz. Celle de Dorudzan est située à 1800 m, probablement au sommet du barrage, ce qui la situe tout de même au dessus du niveau général de la plaine, les températures enregistrées seront donc plus fraîches. La station synoptique de Shiraz, pour laquelle nous disposons des enregistrements complets de température de 1951 à 2005, servira à nouveau de référence. Pour la station de Marvdasht, seules les données de précipitations sont disponibles dans les publications. L’évolution précise des températures sur l’ensemble de la plaine est donc difficile à décrire en l’absence de données exploitables.
La température moyenne annuelle, calculée entre 1961 et 2000 à partir des températures moyennes journalières, est de 16,5 °C à Dorudzan, situé au nord-ouest de la plaine (Pl. 2). En ce qui concerne les secteurs situés plus au sud, l’absence de données nous amène cependant à une réflexion d’ordre général. Sur l’ensemble de la surface terrestre, les variations de température moyenne sont en grande partie liées à la latitude et à l’altitude des points étudiés. Ce phénomène explique en grande partie les variations de température du domaine continental iranien64 ; les influences maritimes sont en effet négligeables car stoppées par les chaînes du Zagros et de l’Elbrouz. Durant l’hiver, l’Iran connaît cependant l’influence de masses d’air continental venues de l’Asie centrale. Ainsi le niveau de la plaine déclinant en direction du sud-est et la partie sud de la plaine étant forcément à une latitude plus faible, la température moyenne doit être plus élevée au sud de la plaine de Persépolis qu’au nord. A Shiraz, soit à 1480 m d’altitude, la température moyenne annuelle calculée entre 1951 et 2005 est de 17,9 °C. Entre Shiraz et Dorudzan, il y a donc une perte de 1,4 °C en valeur annuelle moyenne pour une différence de 300 m en altitude, la ville de Shiraz étant également située plus au sud65 que Dorudzan. Le point le plus bas de la plaine, au bord du lac Bakhtegan, étant à 1560 m d’altitude, soit un peu plus élevé que Shiraz mais situé à peu près à la même latitude, la température moyenne pourrait être en comparaison assez proche de 17,5 °C au sud de la plaine.
S’il est difficile de déterminer les variations spatiales de la température dans la plaine de Persépolis, les données de la station de Dorudzan permettent d’étudier les tendances et les intervalles des variations temporelles. Comme le montrent les diagrammes ombrothermiques (Fig. 2-1), l’amplitude annuelle des températures est forte entre la saison d’hiver et celle d’été. Le mois le plus chaud est celui de juillet pour lequel la température moyenne, établie entre 1961 et 2000, culmine à 28,7 °C ; le mois le plus froid est celui de janvier avec une température moyenne de 3,9 °C, soit une différence de 24,8 °C entre les deux valeurs moyennes extrêmes66. Le climat de la région se caractérise donc par des étés très chauds et des hivers plutôt rudes. L’amplitude des températures minimales et maximales quotidiennes est également importante, sur l’année elle est en moyenne de 13,9 °C, le mois de juillet présentant une moyenne d’amplitude maximale de 16,3 °C alors qu’au mois de janvier elle est de 10,9 °C. Enfin, si l’on étudie les statistiques des températures extrêmes enregistrées quotidiennement, le mois de janvier, le plus froid de l’année, présente une moyenne des températures quotidiennes minimum de -1,6 °C, donc en-dessous de zéro témoignant d’un froid vif ; le mois de juillet présente une moyenne des températures quotidienne maximum de 36,2 °C traduisant l’existence de très fortes chaleurs. Donc, sur une même année, non seulement les variations de température sont très marquées entre l’été et l’hiver, mais encore l’étude des valeurs extrêmes témoignent d’amplitudes très fortes. L’importante variabilité saisonnière est caractéristique des climats plutôt continentaux sans influence marine. Les fortes variations sur une même journée sont quant à elles plutôt liées à l’altitude relativement élevée de la région.
Pour conclure, les mois d’hiver sont froids et la température tombe régulièrement en-dessous de zéro, 24 jours en moyenne par saison hivernale. Les gels sont donc réguliers ainsi que les chutes de neige. On dénombre à Dorudzan en moyenne 4 jours d’enneigement par an, chiffre qui masque une très forte variabilité, par exemple en 1992 il y a eu 15 jours d’enneigement et zéro en 2001. Les périodes de gel et d’enneigement restent cependant très ramassées sur les mois de février et surtout janvier ce qui permet tout de même d’envisager deux cycles agricoles sur une même année.
Des valeurs de température dépendent entre autre directement les valeurs d’évapotranspiration potentielle. Ces valeurs de potentiel sont très élevées, évaluées entre 1 m et 2,2 m par an, les plus fortes valeurs apparaissant dans la partie sud de la plaine67. Cette forte évapotranspiration potentielle, qui est surtout estivale, souligne la nécessité de bien maîtriser les pratiques d’irrigation pour ne pas subir d’importantes pertes d’eau. Les températures extrêmes enregistrées dans la plaine de Persépolis rendent donc en même temps cruciale et difficile l’irrigation des cultures.
Ganji 1968 : 220
Bobek 1952 : 79-note 30 reprend des données de variations de température en fonction de l’altitude et de la latitude qui rejoignent le résultat obtenu entre Shiraz et Dorudzan ; d’un point de vue global, en Iran le gradient de température est de 0,5 °C pour 100 m et de 0,63 °C par grad en latitude. D’autres estimations sont fournies par Krinsley 1970 : 251 qui utilise une estimation de gradient de température plus élevée de 0,7 °C/100 m calculée le long d’une ligne allant de la plaine mésopotamienne au haut plateau iranien et donc traversant le Zagros. La valeur de gradient de température de 0,5 °C/100 m est cependant le plus proche de ce que l’on observe entre Shiraz et Dorudzan celle de 0,7 °C/100 m paraissant pour le Fars central surestimée.
A titre de comparaison, en France, la différence de température moyenne entre le mois le plus chaud et le mois le plus froid ne dépasse jamais les 20 °C (source http://france.meteofrance.com/france/)
Nadji 1997 : 173 fournit des estimations d’évaporation potentielle comprises entre 2m au nord et 2,2m par an dans le bassin de Neyriz, il fait cependant une différence entre les massifs montagneux calcaires et poreux dans lesquels l’eau s’infiltre et la plaine où l’évaporation est maximale ; Kehl et al 2009 : 61 donne une estimation bien moins élevée de 1020 mm par an calculée d’après les données météorologiques de la station de Shiraz, Nadji n’ayant pas détaillé les bases de son calcul. Il ressort de toute façon de ces données que le volume de précipitation est globalement déficitaire par rapport à l’évaporation potentielle.