2.2.4.3. Les sources karstiques

Il existe de nombreuses sources dans la plaine de Persépolis. 148 ont été relevées à partir de la collection de cartes à l’échelle 1/25000 (Pl. 8), réparties sur l’ensemble de la plaine de Persepolis. Elles correspondent aux résurgences des aquifères contenus dans les massifs calcaires. La chaîne de montagne délimitant la plaine à l’ouest étant constitué de formations marno-calcaires du Tertiaire très perméable161, les sources sont donc très abondantes dans la partie occidentale de notre région d’étude. Aujourd’hui, dans la plaine de Persépolis, les sources ne représentent toutefois pas une source d’approvisionnement majeure en eau. L’exploitation de ces sources et des aquifères montagneux ne couvrait par exemple dans les années 1960 qu’un dixième des besoins en eau de la région162. Elle ne joue donc qu’un rôle marginal dans l’irrigation actuelle comparé aux prélèvements dans la nappe phréatique ou à l’exploitation des eaux fluviales.

La périodicité de ses sources se calque sur le régime des précipitations, elles fonctionnent essentiellement durant l’hiver et le printemps et se tarissent le reste de l’année. Nous ne disposons pas d’enregistrements chiffrés concernant leurs débits163. Ceux-ci doivent être assez importants car la présence de résurgences implique l’existence au pied des reliefs de vastes zones marécageuses favorisées par la pente très faible de la plaine. Aujourd’hui, la plupart des marécages de la plaine de Persépolis ont été drainés et asséchés164. Le relevé des zones humides (Pl. 8), effectué à partir de cartes récentes165, présente une cartographie actuelle des secteurs marécageux, le plus souvent associés à la présence de résurgences karstiques166.

Les sources peuvent apparaître au niveau de la zone de contact de deux couches géologiques de natures différentes (sources d’affleurement) ou d’une discontinuité géologique liée à la présence d’une faille (sources de faille). Ainsi la plupart des sources de la plaine de Persépolis sourdent au pied des massifs montagneux, au niveau de la zone de contact entre les massifs calcaires perméables et le bassin sédimentaire plus imperméable. Au cours des visites effectuées dans la plaine, nous avons pu également observer la présence d’une source artésienne au nord de la ville de Dorudzan, sur le piedmont oriental du Kuh-e Dorudzan.

Lors de nos recherches, nous avons prospecté le piedmont sud-est du Kuh-e Rahmat167 (Pl. 2 et Pl. 49). Ce secteur offre une intéressante étude de cas des différents types de résurgences de la région de Persépolis. Le long du piedmont sud, de part et d’autre du village d’Esmaelabad (Fig. 2-6), il existe en effet de nombreuses sources intermittentes. L’étude de la carte géologique montre la présence d’une importante faille, qui longe le piedmont sud (notée Rahmat Fault, Fig. 2-6), sur le tracé de laquelle se situent plusieurs sources. Ces sources sont suffisamment actives pour expliquer la présence de vastes marécages au pied du massif, le long de son piedmont sud-ouest. La carte géologique montre que les autres sources au sud du Kuh-e Rahmat sont situées à la limite des couches calcaires massives du Crétacé168 (Fig. 2-6-en vert) et des couches sédimentaires quaternaires plus imperméables.

Figure 2‑6 : Carte géologique de la partie sud du Kuh-e Rahmat, emplacement des sources et des formations gypseuses (Fond de carte : Geological Survey of Iran)
Figure 2‑6 : Carte géologique de la partie sud du Kuh-e Rahmat, emplacement des sources et des formations gypseuses (Fond de carte : Geological Survey of Iran)

La qualité de l’eau des sources de la plaine est généralement considérée comme bonne169. Sur l’ensemble de la plaine, les sources, et par extension les aquifères des massifs montagneux, sont en partie exploités pour l’irrigation ou les besoins en eau potable comme en témoigne la présence de quelques réseaux de qanats, aujourd’hui abandonnés. Par exemple, au sud du Kuh-e Rahmat, les sources sont actuellement exploitées pour alimenter les villages aux alentours. Toutefois, il faut souligner que les sources du versant sud-ouest du Kuh-e Rahmat sont saumâtres, donc l’eau provenant des résurgences karstiques peut être impropre à la consommation. La présence de couches de marnes gypseuses (Fig. 2-6-en jaune) le long du piedmont sud-ouest du Kuh-e Rahmat explique ces fortes teneurs en sel acquises lorsque l’eau s’infiltre dans ces niveaux géologiques. Actuellement, ces sources sont toute de même exploitées pour irriguer des champs sur les pentes des piedmonts.

Notes
161.

Cf. § 2.2.3.1

162.

Kortum 1976 : 63 ; l’auteur estime à un dixième des besoins en eau pour l’irrigation l’apport d’eau par les réseau de qanats.

163.

Les seules indications de débit des sources sont publiées dans Nadji 1997 avec une estimation du débit à 1,2 m3/s pour des sources situées dans le bassin de Neyriz.

164.

Cf§ 2.6.3.1

165.

Cartes au 1:25000 éditées en 2000 par le National Iranian Cartographic Center (NICC)

166.

Outre la présence d’un vaste marécage le long du versant sud-ouest du Kuh-e Rahmat, il reste une grande zone humide au pied d’un petit massif situé au nord de la plaine (Pl. 8).

167.

Cf. § 6.3.4

168.

Cf. § 2.2.3.1

169.

Nadji 1997 : 174