2.2.5.2. Flore

[Flore186]

D’un point de vue bioclimatique, le Fars appartient à l’ensemble kurdo-zagrossien et au sous-ensemble des steppes arborées iraniennes 187 . A l’intérieur de ce vaste ensemble, déterminé à partir des espèces dominantes, il existe plusieurs sous-ensembles. La plaine de Persépolis se situe dans la zone de transition entre un couvert arboricole constituée essentiellement de chênes au nord-ouest et une domination croissante du pistachier et de l’amandier en direction du sud-est (Pl. 10). Donc notre zone d’étude est majoritairement incluse dans la zone des formations à pistachiers et amandiers, le secteur nord, la plaine de Bayza, se rattachant à l’ensemble des formations de chênes. Le sud de la plaine, du fait de la forte salinisation des sols présentent de plus une végétation halophile bien particulière. Enfin, très localement le long des rivières, se développe une végétation riparienne hydrophile.

Le pistachier sauvage (pistacia atlantica) domine le paysage végétal dans les massifs montagneux de la plaine. Il est possible que la préservation de cette espèce soit liée en partie à la récolte des pistaches, mais également à l’exploitation de sa résine utilisée par l’industrie alimentaire aussi bien que dans la pharmacopée traditionnelle188. Il s’agit d’un couvert arboré très clairsemé, associé à la présence de diverses espèces d’herbacées et de buissons d’acacias, de nerpruns ou encore d’euphorbes. Le couvert végétal des massifs montagneux, s’il est d’origine naturelle, est largement affecté par la présence de l’Homme qui participe à une dégradation mais surtout à une transformation de la flore naturelle. Ainsi, les nombreux troupeaux qui fréquentent les versants consomment non seulement les touffes d’herbes et les buissons mais également les feuilles des arbres et participe à l’appauvrissement du couvert et de la diversité végétal189. Le piétinement par les troupeaux va également favoriser le développement des plantes les plus résistantes comme le plantain.

Dans la plaine, la flore sylvestre naturelle a pratiquement disparu avec l’intensification de l’agriculture. Il subsiste le long des cours d’eau une végétation semi-sauvage constituée d’érables sycomores, de saules ou de micocouliers. Dans les zones présentant une forte salinisation, une végétation halophile se développe. Enfin la plupart des arbres de l’ensemble de la plaine sont anthropogènes, ils sont regroupés dans des vergers ou autour des sources, des puits ou des pompes. Plusieurs types d’arbres fruitiers sont cultivés (grenadiers, pommiers, figuiers…), il existe également des petites peupleraies ou des frênaies pour le bois de construction.

Bien qu’aujourd’hui, sous la pression de l’occupation humaine croissante, le couvert végétal, ainsi que les populations d’animaux sauvages, ont fortement diminué, la faune et la flore naturelles pourrait avoir constituées des ressources importantes pour l’occupation ancienne dans la plaine de Persépolis. La chasse de grands mammifères et la pêche dans les rivières pouvaient être pratiquées. Les espèces végétales sont très variées entre le nord et le sud de la région. Cette variété permet potentiellement de disposer de ressources en bois d’essence diverses et d’envisager la cueillette de nombreux plantes ou fruits.

Notes
186.

Cette partie s’est largement inspirée de Miller 1982 : 61-64

187.

Zohary 1973 : map 7

188.

Pourreza et al. 2008 : 3667 ; nous avons pu observer directement la pratique de la récolte de la résine de pistachier dans le Tang-i Bulaghi. Il semblerait en effet que l’exploitation de la résine soit économiquement avantageuse au point que chaque arbre enseveli par la montée des eaux du barrage de Sivand a été dûment dédommagé aux propriétaires. Dans la plaine de Persépolis, nombre de pistachiers présentaient des cicatrices caractéristiques de la pratique de la récolte de la résine.

189.

Bobek 1968 : 281-282 détaille l’ensemble des raisons de la diminution du couvert forestier iranien ; plus particulièrement concernant le surpâturage Pourreza et al. 2008 : 3670 estime que ce pourrait être un des principaux facteurs de la diminution du pistachier dans le Zagros.