L’incision de la plaine de Persépolis par les rivières Kur et Pulvar aurait commencé aux alentours de 5000 BP, mais cette date reste à confirmer par de nouvelles datations absolues. Les cours des rivières vont alors s’enfoncer de plus de 15m dans le bassin sédimentaire. La fin de cette phase d’incision est marquée par la mise en place de la nappe alluviale T2 qui commence, suivant les auteurs aux alentours de 4000 BP271 ou de 1250 BP272. Le changement de régime entre les phases d’accrétion sédimentaire et celles de déplétion en contexte alluvial peut avoir des origines diverses, elles sont cependant souvent interprétées respectivement comme une diminution ou une augmentation possible du couvert végétal sur les versants influant sur les dynamiques d’érosion et donc les apports de sédiments dans les cours d’eau. Que la période d’incision ait duré de 5000 BP à 4000 BP ou 1250 BP, elle englobe des périodes de régression et de croissance du couvert végétal arboré déterminées par les études palynologiques du lac de Maharlou273. En effet, la période 5500 BP/5000 BP semble être marquée dans le bassin de Shiraz par une importante extension de la forêt qui va connaître un déclin entre 5000 BP et 4000 BP avant un redémarrage jusqu’à 2800 BP, date à partir de laquelle le déclin du couvert végétal est constant.
Que ce soit à travers les études géomorphologiques ou playnologiques, la période comprise entre 5500 et 5000 BP semble correspondre à un changement important des dynamiques environnementales. L’expansion de la forêt pourrait donc marquer le début de l’incision des bassins sédimentaires de la région. L’augmentation du couvert arboré, marquant une amélioration des conditions climatiques, semble confirmée à la même période par une forte pédogenèse qui succède à des phases de dépôts de lœss dans un environnement froid et sec274.
La période de déclin du couvert arboré entre 5000 BP et 4000 BP, enregistré à Maharlou, pose problème. Elle est également marquée par une sédimentation plus importante du fait d’apports sédimentaires accrus depuis des versants voisins dénudés. Or dans la plaine de Persépolis l’incision continuerait durant cette période. Il est toutefois possible qu'il y ait eu des phases d'arrêt de l'incision et de reprise de la sédimentation sans qu'il n'en reste de trace aujourd’hui. Néanmoins, nous avons vu que les données archéobotaniques permettaient de nuancer l’importance du déboisement au nord-ouest de la plaine de Persépolis275. Il se pourrait donc que le couvert végétal soit resté plus important sur les versants entourant la plaine de Persépolis que dans le bassin de Shiraz. Même en supposant que celui-ci diminue progressivement, l’absence d’accrétion sédimentaire dans les rivières pourrait montrer qu’il est suffisant pour empêcher l’érosion des versants, d’autant que les pluies diminueraient au cours de cette période considérée comme plus sèche. Le bassin de Persépolis, situé plus au nord et d’altitude moyenne plus élevée, pourrait donc avoir connu au cours de cette période une évolution différente de celle observée dans le bassin de Shiraz. Il s’agit d’un argument supplémentaire pour considérer avec prudence les résultats obtenus dans le lac de Maharlou quant à une éventuelle extrapolation des résultats pour la plaine de Persépolis.
Après 4000 BP, la flore arborée semble plutôt augmenter autour de Maharlou, plaidant en faveur d’une continuité de l’incision et donc d’une mise en place postérieure à 4000 BP pour la basse terrasse T2 du Kur et du Pulvar, comme le suggèrent les datations effectuées par J.B. Rigot.
Kehl et al. 2009 : 69
Rigot 2010 : 68-69
Cf. § 2.4.2.1.1
Kehl et al. 2005
Cf. § 2.4.2.2