2.5. L’environnement de la plaine de Persépolis : bilan 

2.5.1. Le nord-ouest et le sud-est de la plaine : deux paysages différents

Comme la plupart des sites archéologiques de la région, Persépolis se situe dans la moitié nord-ouest de la plaine. Si l’on prend en compte l’ensemble des données environnementales exposées précédemment, cette région semble connaître des conditions plus favorables que le sud-est, ce qui peut en grande partie expliquer cette plus forte concentration d’occupations anciennes au nord277.

D’un point de vue physique tout d’abord, si la pente générale de la plaine est faible, elle est toutefois plus prononcée au nord qu’au sud, elle passe en effet de 0,08% à 0,06%278. Les valeurs légèrement plus importantes constatées au nord permettent de supposer un meilleur drainage des sols. Alors que la partie sud-est de la plaine, surtout le long de la rive gauche du Kur, correspond à une vaste étendue marécageuse saumâtre, les terrains au nord-ouest paraissent en effet généralement mieux drainés. Les secteurs de Zarqan et de Bayza (Pl. 2), le long de la limite nord-ouest du bassin de Persépolis, correspondent toutefois à de larges cuvettes occupées par des marécages.

Les différentes données climatiques disponibles montrent quant à elles un gradient climatique assez marqué entre le nord et le sud de la plaine. Il est essentiellement caractérisé par une variation des valeurs de précipitations279. Entre le nord-ouest et le sud-est, la hauteur de précipitations annuelle passe de 448 mm à Dorudzan, à 330 mm pour la région de Marvdasht et pour arriver à 197 mm à Neyriz. Le sud de la plaine est donc moins arrosé que le nord. La répartition annuelle des précipitations est identique sur l’ensemble de la plaine, les pluies se concentrent surtout sur la saison hivernale, en particulier sur le mois de janvier. La hauteur annuelle des précipitations et leur irrégularité place clairement l’ensemble de la région dans le domaine semi-aride. Il faut également noter l’existence d’importantes variations interannuelles des précipitations avec l’existence de périodes de sécheresse et d’autres plus humides. Le sud de la plaine présente toutefois une moindre variété interannuelle que le nord. Si, théoriquement, les hauteurs de précipitations sont suffisantes sur l’ensemble de la plaine pour pratiquer une agriculture sèche, le recours à l’irrigation paraît indispensable pour permettre de palier aux fortes irrégularités inter et intra annuelles des précipitations. Ce besoin d’apports en eau se fait davantage sentir au sud, moins arrosé que le nord. Les températures sont légèrement plus fraîches au nord, ce qui peut simplement s’expliquer du fait de la différence de latitude entre les deux zones280. Elles connaissent des écarts inter-saisonniers très importants, liés à une situation continentale et montagnarde avec des hivers rudes et des étés très chauds. Les fortes températures à la fin du printemps et durant l’été provoquent une importante évapotranspiration qui rend encore plus criant les besoins en eau, et ceci de manière plus importante au sud qu’au nord.

En ce qui concerne l’hydrologie, l’ensemble du bassin est arrosé par le Kur, une rivière pérenne281. La partie nord de la plaine profite également des eaux du Pulvar et du Main. Au sud de Band-e Amir, le Kur longe la limite occidentale de la plaine, la partie sud-est est donc moins arrosée. On relève également un grand nombre de sources karstiques sur l’ensemble de la plaine de Persépolis, le plus souvent situées au pied des massifs montagneux282. Elles sont réparties sur l’ensemble de la plaine et particulièrement nombreuses le long de sa limite occidentale. Les sources situées le long du piedmont sud-ouest du Kuh-e Rahmat produisent cependant une eau fortement chargée en sel, impropre à la consommation et difficilement utilisable pour l’irrigation. D’un point de vue hydrologique, l’extrémité sud-est de la plaine présente toutes les caractéristiques d’un kevir 283. Les lacs salés Bakhtegan et Tashk peuvent connaître en effet d’importantes fluctuations de leurs lignes de rivages et disparaître presque totalement en année sèche. Il s’agit donc d’un milieu très changeant et très réactif aux variations climatiques.

La pédologie montre des différences très marquées entre les deux régions284. Les terrains au nord, et surtout au nord-est, ont des sols beaucoup plus favorables à l’agriculture. Les terrains, bien mieux drainés, sont moins sujet à la salinisation285. Au sud d’une ligne passant par Band-e Amir, les terrains sont très pauvres, marécageux et connaissent d’importants problèmes de salinisation primaire. Il faut en effet déployer d’importants efforts de drainage et d’irrigation, comme c’est la cas en aval de Band-e Amir, pour rendre ces terrains exploitables. Aujourd’hui, le nord paraît plus verdoyant que le sud où il n’est pas rare de constater que certaines parcelles cultivées sont abandonnées en raison d’importants problèmes de salinisation des sols.

Notes
277.

Cf. § 6.4.2.3 et 6.4.2.4

278.

Cf. §2.2.1

279.

Cf. § 2.2.2.1

280.

Cf. § 2.2.2.2

281.

Cf. § 2.2.4.1

282.

Cf. § 2.2.4.3

283.

Cf. § 2.2.4.2

284.

Cf. § 2.2.3.2

285.

Cf. § 2.2.3.2.2