2.6.2. Croissance économique et démographique

La plaine de Persépolis est une voie de passage naturelle entre le sud et le nord de l’Iran. L’autoroute reliant Shiraz à Téhéran, via Ispahan, traverse la plaine d’ouest en est, passant par Zarqan, contournant Marvdasht par le nord et empruntant ensuite la vallée du Pulvar (Pl. 11). La plaine a également connu le développement important d’un réseau secondaire de routes asphaltées, organisées autour d’un axe nord-ouest/sud-est, reliant Dorudzan à Marvdasht, puis à Kenareh plus au sud. Enfin, au cours de nos prospections dans la plaine entre 2005 et 2008, la construction d’une voie de chemin de fer reliant Shiraz à Téhéran était en cours, son tracé est à peu près parallèle à celui de l’autoroute (Pl. 11).

La région a également connu depuis les années 1960 une industrialisation assez importante302. Elle s’est concentrée autour de la ville de Marvdasht, avec entre autres la construction d’une raffinerie de sucre qui a entraîné le développement de la culture de la betterave dans la plaine. De plus, un très vaste complexe pétro-chimique de plusieurs hectares s’est installé le long du piedmont sud-est du Kuh-e Sabz et produit essentiellement des engrais. Enfin, des usines textiles se sont implantées dans une vaste zone industrielle au pied de la pointe sud du Kuh-e Ayyub (Pl. 12).

Le développement de ces activités industrielles, demandant l’emploi de main d’œuvre, a provoqué une forte croissance de la ville de Marvdasht. Elle a vu passer sa population de 25500 à 103000 entre 1966 et 1996303 et s’est ainsi largement étendue. Cette croissance de la population, et donc des agglomérations, est un phénomène commun à l’ensemble de la plaine. Le plus souvent, les anciens villages en brique crue ont été abandonnés, les habitants s’installant à proximité dans des maisons plus modernes en parpaings. De nombreux villages se sont ainsi déplacés de quelques centaines de mètres à quelques kilomètres. A l’échelle de la plaine, si l’on étudie la répartition des villages (Pl. 10), on retrouve une plus forte densité d’occupation au nord, dans la région de Bayza et autour de Marvdasht. Cette répartition recoupe la division naturelle de la plaine de Persépolis, où les conditions environnementales sont moins favorables au sud qu’au nord304.

Outre l’eau, les ressources géologiques sont largement exploitées. De vastes carrières ont été ouvertes, en particulier au nord du massif de Kuh-e Gondashlu305 et le long du piedmont oriental du Kuh-e Sabz (Pl. 2). A 5 km à l’est de Marvadsht, une vaste zone de production de brique, organisée en petite briqueteries artisanales, se traduit par l’existence de grandes fosses creusées dans le plaine, de plus de 10m de profondeur, sur près de 4 km². Enfin, nous avons observé que les piedmonts servaient très souvent de gravières destinées à approvisionner en remblais les différents chantiers en cours dans la plaine de Persépolis. Par exemple, la construction du chemin fer s’est faite sur une digue de plusieurs mètres de haut de remblais qui a dû demander des tonnes de graviers, provenant en partie des secteurs de piedmont avoisinant. Ceux-ci peuvent également être nivelés pour permettre l’agriculture.

Notes
302.

Justin & Courtney 1966 : 2-10-2-11 en dressent l’état des lieux pour le milieu des années 1960

303.

Ajami 2005 : 328

304.

Cf. § 2.5.1

305.

Cf. § 6.3.3.1