3.3.1.5. L’interprétation des résultats

L’interprétation des résultats géophysiques est la phase la plus importante de la prospection géophysique, elle en constitue l’étape finale. En coopération avec l’ensemble de l’équipe de recherche, il s’agit de traduire les résultats, édités le plus souvent sous forme de cartes, en une interprétation archéologique. La carte géophysique est un document complexe dont l’interprétation doit prendre en compte plusieurs facteurs pouvant expliquer les mesures observées : la présence de vestiges archéologiques, les variations pédologiques, les artefacts non-éliminés, les variations naturelles du champ étudié (pour les méthodes passives), les perturbations liées à l’occupation moderne du site. Lorsque les cartes obtenues présentent une très bonne résolution, l’étude de l’organisation spatiale du site peut être assez immédiate. Il ne faut cependant jamais perdre de vue que la carte géophysique n’est pas une photographie du proche sous-sol mais le résultat d’une interpolation de mesures physiques ponctuelles. Il s’agit donc bien d’une carte, présentée sous forme d’image, et non d’un plan. L’image obtenue des structures archéologiques correspond aux variations des mesures qu’elles ont provoqué et non à leur représentation réelle365.

Par rapport à un modèle de sol homogène, les différentes variations visibles sur une carte géophysique sont considérées comme des anomalies. Les anomalies se définissent par un signal propre, que l’on décrira suivant sa forme et son intensité. L’anomalie correspond à la réponse spécifique des matériaux constitutifs du proche sous-sol à l’influence d’un champ, existant naturellement ou artificiellement créé, ou à la propagation d’une onde. L’étude de cette réponse rend possible une interprétation de l’anomalie. Quelle que soit la méthode, la forme d’une anomalie concorde le plus souvent avec celle du vestige ou de la structure géologique détectée. La valeur de l’anomalie demande par contre une interprétation spécifique à chaque grandeur physique prise en compte. Les matériaux hétérogènes, qui constituent le proche sous-sol, présentent des propriétés physiques différentes, la valeur mesurée est donc caractéristique la nature géologique de ces différents matériaux. Enfin, la valeur d’une anomalie créé par la présence d’un vestige dépend de sa nature, comparée à celle de son encaissant. Plus elle est différente du sédiment constitutif du sol qui l’entoure, plus l’anomalie créée est forte.

Il existe plusieurs manières de présenter les interprétations des résultats géophysiques. Dans le cadre de cette thèse, nous présentons toujours la carte seule dans un premier temps. Il s’agit du document de référence sur lequel se construit ensuite l’interprétation : il est donc nécessaire de le présenter sans aucune annotation pour que d’autres chercheurs puissent par la suite proposer éventuellement des interprétations alternatives. Ensuite, nous présentons une interprétation sous forme graphique des différentes anomalies en fonction de leur nature supposée. Il ne s’agit aucunement d’un levé à valeur cartographique, mais d’un schéma d’interprétation. Nous prenons par exemple soin de ne pas faire correspondre la grosseur du trait à celle de l’anomalie, le dessin du trait n’est là que pour aider à visualiser l’anomalie.

Notes
365.

Sur les questions liées à l’interprétation archéologiques des cartes géophysiques, cf. Benech & Hesse 2007