4.1.2.1. Du Néolithique à la fin de l’Age du Bronze

La céramique Mushki, Jari ou Shamsabad, lorsqu’il s’agit de céramiques communes, est souvent difficile à distinguer de manière précise. Il s’agit pour les trois catégories de céramique grossières, non tournées, mal cuite et épaisses, à dégraissant végétal. Les tessons sont souvent très dégradés et il est difficile de reconnaître les formes des poteries. Lorsque que des tessons de ce type ont été retrouvés, nous avons enregistré la présence de céramique Mushki/Jari, et donc plus généralement d’une occupation néolithique (6200-4700 av. J.-C.). Au cours de nos prospections, nous avons pu retrouver des tessons lissés rouges et décors géométriques peints, de couleur noire, caractéristique de la catégorie Mushki (6200-5800 av. J.-C.)398. Il ne nous a pas été donné de reconnaître avec certitude des tessons de catégorie Jari ou de la période BakunB1/Shamsabad au cours de nos prospections.

Les tessons de période Bakun (4700-4000 av. J.-C.) apparaissent sur un grand nombre de sites de la plaine de Persépolis. Les tessons Bakun se distinguent aisément sur le terrain de part leur couleur chamois et la présence de décors couvrants (géométriques et figuratifs), le plus souvent noir ou brun. Il s’agit de céramique fine et bien cuite à dégraissant minéral399.

De même, la céramique fine de période Lapui (4000-3500 av. J.-C.) est caractéristique. Elle présente un engobe rouge vif et une pâte de couleur chamois. Des risques de confusion peuvent exister avec la céramique Kaftari, plus tardive. Généralement les formes, de larges bols ou de grandes jarres, ainsi que la qualité de la pâte permettent de distinguer les deux ensembles. Les céramiques Lapui peuvent présenter des décors peints mais nous n’en avons jamais observé400.

Des céramiques Banesh (3500-2800 av. J.-C.) à dégraissant fin sableux et à décor peint géométrique401 n’ont été reconnues que sur une des zones de piedmonts prospectées, au nord de la plaine le long du Kuh-e Hussein (Pl. 46). Les résultats des prospections obtenues dans cette région ne seront pas détaillés par la suite402.

En ce qui concerne la céramique Kaftari (2200-1600 av. J.-C.), nous n’avons pu repérer que des tessons de couleur rouge à paroi lissé et parfois à engobe403. La présence de nombreux récipients carénés s’est révélée être un bon critère d’identification, en particulier pour différencier les céramiques Kaftari et Lapui.

Concernant la fin de l’Age du Bronze, comme le fait W. Sumner, nous avons enregistré la présence de céramique Shoga et/ou Teimuran sous le terme double Shoga/Teimuran (.1600-900 av. J.‑C.). Les deux catégories de céramique sont toutefois utilisées simultanément404. Lors de nos prospections, il nous a été difficile de différencier les deux catégories qui correspondent chacune à de la céramique à pâte rouge-orangée présentant le plus souvent des décors peints linéaires noirs. Il faudrait certainement collecter la céramique sur les sites recensés pour pouvoir faire une distinction nette, qui se fait surtout sur la qualité de la pâte405.

La céramique Qaleh n’a pas été évoquée jusqu’ici. Elle a été découverte dans des sépultures mises au jour par L. Vanden Berghe au cours de ses sondages effectués sur le tepe éponyme situé au nord-est du Kuh-e Rahmat406. Elle se retrouve essentiellement dans le nord-ouest de la plaine de Persépolis, région où nous n’avons pas effectuée de prospections systématiques. D’après les résultats des fouilles effectuées à Tol-e Malyan407, cette céramique de couleur chamois pourrait apparaître au début IIe millénaire, dès la fin de la période Kaftari, et son utilisation se poursuivre jusqu’au début du Ier millénaire. Elle est donc en partie contemporaine de la céramique Shoga/Teimuran qui se rencontre plutôt au sud et à l’est de la plaine.

Notes
398.

Des exemples de céramiques Mushki, provenant de prospections de surface mise en œuvre sur le site de Kuhsk-e Hezar ont été publiées récemment par Alden et al. 2004, cet article a également été l’occasion de produire une courte synthèse sur la culture Mushki.

399.

Alizadeh 2006 : 67-76 publie des exemples tirés de ses sondages récents à Tol-e Bakun.

400.

Sumner 1988a : 27-28 note que les tessons décorés sont minoritaires et présents uniquement au sud-est de la plaine.

401.

D’après la typologie détaillée par Alden 1979 et Sumner 2003 : 43-50 il s’agit de la catégorie « Banesh gritt tempered (GT) ware », un autre ensemble correspond à des céramiques à dégraissant végétal « Banesh straw tempered (ST) ware » que nous n’avons pas repéré au cours de nos prospections.

402.

Cf. § 6.3

403.

L’autre grande catégorie de céramique Kaftari correspond à une céramique de couleur chamois. C’est à partir d’un calcul de l’évolution dans le temps de la part de cette céramique dans les assemblages Kaftari que W. Sumner tente de distinguer plusieurs phases d’évolution au sein de la période Kaftari, cf. Sumner 1989a : 138-140

404.

Jacobs 1980 : 157 ; Sumner 1994a : 100-101

405.

Jacobs 1980 : 79-80 indique que les céramiques Teimuran ont une pâte plus dure du fait d’une cuisson à plus hautre température.

406.

Cf. § 6.2.3.2.2 ; Haerinck & Overlaet 2003

407.

Carter 1996 qui outre de la céramique Qaleh a retrouvé un ensemble de céramique à paroi épaisse, de couleur chamois, sans décors qualifiée de « Middle Elamite » (cf. ibid. : 19-24), également cf. Sumner 1994a : 99 sur le fait que cet ensemble n’a pas été retrouvé autre part au cours de ses prospections dans la plaine.