4.2.1.2. Apparition d’un nouveau type de céramique au début du Ier millénaire ?

Une autre proposition pour combler le hiatus de la première moitié du Ier millénaire consisterait dans l’apparition au cours de cette période d’un nouveau type de céramique qui caractériserait l’arrivée des nouvelles populations perses. Les données sur la présence de tels ensembles de céramique sont très lacunaires pour la plaine de Persépolis.

A. Alizadeh aurait récemment reconnu, au cours de ses prospections menées dans le Fars central, un ensemble de céramique grise qui ressemblerait aux céramiques de l’Age du Fer III à Choga Mish, près de Suse429. Pour lui, ces céramiques seraient le marqueur culturel de l’arrivée de tribus iraniennes dans le Fars dans le courant de la première moitié du Ier millénaire430. Sur l’ensemble de sa prospection, il l’aurait reconnu sur 26 sites, répartis sur l’ensemble de la région prospectée, incluant la plaine de Persépolis. Pour l’instant, A. Alizadeh n’a pas encore publié de manière précise les résultats de ses prospections et il n’existe de ce fait aucune description de cette céramique. R. Boucharlat estime de plus que la comparaison avec Choga Mish est à nuancer, puisque sur ce site la céramique Age du Fer III pourrait être en fait achéménide, de plus il se situe à près de 500 km de la région de Persépolis431.

R. Boucharlat432 et B. Overlaet433 signalent tous deux la présence d’une céramique postérieure au Shoga/Teimuran, dite Teimuran B, identifiée par L. Vanden Berghe au cours de ses sondages à Tol-e Teimuran434. Il s’agit d’une céramique grise, très différente du matériel de la période Shoga/Teimuran. Les deux auteurs notent toutefois qu’elle n’a été reconnue que dans une seule tombe435. B. Overlaet dresse, de manière prudente et dans l’attente de la publication finale des résultats des prospections de A. Alizadeh, un parallèle, uniquement sur la base de la couleur de la pâte, entre le Teimuran B et l’hypothétique céramique de l’Age du Fer III436.

Un autre ensemble de céramique a été proposé comme marqueur de l’arrivée des Perses dans la plaine de Persépolis. Au cours d’un sondage, sur un site situé à l’ouest de la terrasse de Persépolis, Tol-e Djalabad, L. Vanden Berghe a retrouvé un ensemble de céramiques gris noir ou rouge qui pourrait marquer une occupation du début du Ier millénaire437. De plus, sur le même site, il a mis au jour un fragment de cruche à « bec aplati » présentant un décor de bandes de couleur brune sur un fond jaunâtre438. Cette découverte signerait pour lui l’arrivée des premiers iraniens. L. Vanden Berghe aurait identifié cette céramique sur deux autres sites de la région439. W. Sumner estime que ce matériel doit être identique à celui qu’il a pris comme référence pour la céramique LPW, puisque cette dernière provient pour partie de ramassages de surfaces effectués à l’ouest de la terrasse de Persépolis, donc dans le même secteur que Tol-e Djalabad440. Toutefois une comparaison, rapide, sur la base de la photographie publiée par L. Vanden Berghe et sur les types définis par W. Sumner, ainsi que sur la couleur de pâte ou la présence de décors, permet de supposer que les deux ensembles n’ont guère de point commun. La possible présence de céramique Djalabad est également brièvement évoquée sur le site de Tol-e Darvazeh par L. Jacobs441. Il s’agit de trois petits récipients globulaires et à col droit, correspondant à de la céramique tournée et de couleur de pâte rouge ou grise sans décor. Néanmoins, la comparaison entre les deux ensembles de céramique ne semble pas tout à fait convaincante442. Enfin, la question de la correspondance entre la céramique Djalabad et Teimuran B ne semble pas avoir été évoquée dans la littérature.

De cet ensemble de données, surgissent plus de questions que de réponses sur l’apparition d’une nouvelle catégorie de céramique au cours de la première moitié du Ier millénaire. Que ce soit la céramique Age du Fer III, Teimuran B ou Djalabad, elles restent pour le moment mal caractérisées dans les publications et très peu représentées. W. Sumner, pour sa part, n’a pas pu identifier un ensemble de céramique qui correspondrait à cette époque et estime que s’il avait dû être identifié, il l’aurait été au cours des nombreuses prospections dans la plaine de Persépolis443. Pour notre part, nous n’avons également jamais pu identifier, de manière certaine, le moindre exemple de ces céramiques au cours de nos recherches dans la plaine.

Notes
429.

Alizadeh 2003 : 88, 2006 : 54

430.

ibid. précise tout de même une nuance d’ordre méthodologique à cette identification, il évoque le fait que la caractérisation de cet ensemble de céramique pourrait être un « accident of discovery ».

431.

Boucharlat 2005a : 226

432.

ibid.

433.

Overlaet 2007 : 74

434.

Vanden Berghe 1959 : 44, pl.60

435.

Overlaet 1997: 9-10, 2007 : 74

436.

Jacobs 1980 : 58-59 ; Sumner 1994a : 101 considèrent tous deux que le Teimuran B pourrait correspondre à de la céramique funéraire importée puisqu’aucun autre exemple que les deux poteries trouvées par L. Vanden Berghe n’est connu dans l’ensemble de la région.

437.

Vanden Berghe 1954 : 405, 1959: 44

438.

Vanden Berghe 1954 : 405 et plaat LXXXV(d), 1959 : 44 ; L. Vanden Berghe dresse le parallèle avec des cruches du même type retrouvée à Sialk ou à Suse.

439.

Vanden Berghe 1954 : 405

440.

Sumner 1986a : 4

441.

Jacobs 1980 : 83-84 et 277-278-fig.28(9-11)

442.

Comme le souligne elle-même Jacobs 1980 : 59-60

443.

Sumner 1986a : 4