5. La zone d’occupation de Persépolis

5.1. La zone d’occupation de Persépolis : problématiques de recherche

Longtemps, Persépolis a été considérée comme un site à fonction essentiellement symbolique, un haut-lieu dynastique abritant des processions rituelles. Il est intéressant d’exposer brièvement les bases de cette hypothèse pour en souligner les conséquences sur l’archéologie. En effet, les tenants de cette fonction symbolique dénient bien souvent à Persépolis son statut de ville, la vision du site étant réduite à la seule terrasse royale. Parmi les différents arguments avancés, cette hypothèse repose essentiellement sur l’interprétation des bas-reliefs de l’Apadana. Elle s’est également construite autour du silence des auteurs grecs sur l’existence d’une capitale au cœur de l’Empire. Persépolis est donc devenu un site à part, un ensemble monumental fascinant, isolé de tout contexte archéologique. Cette vision est largement tributaire d’une recherche archéologique concentrée sur l’étude et la fouille des édifices de la terrasse royale. Il a paru utile de replacer nos propres recherches dans un cadre plus large que la seule terrasse de Persépolis, qui n’est qu’un des éléments d’un vaste programme d’aménagement qui a concerné plusieurs dizaines, voire centaines, d’hectares. Nous allons tenter d’étudier l’archéologie du site dans toute sa complexité.

La traduction et l’étude progressives des archives administratives retrouvées au cours des fouilles du bâtiment dit de la Trésorie et des fortifications au nord-est de la terrasse modifient très profondément les termes du débat sur la fonction du site. Elles montrent que Persépolis connaît une intense activité administrative gérant un vaste territoire, et qu’il s’agit bien d’une des résidences royales et d’un centre régional. Parallèlement, de nouvelles données archéologiques, avant 2005, sur l’occupation achéménide des environs de la terrasse royale, ont permis de proposer des tentatives de restitution de la ville de Persépolis. Toutefois ces données posent beaucoup de questions, et soulignent de nombreuses lacunes dans la caractérisation du plan de la ville et des activités qu’elle abrite. Leur prise en compte débouche sur la définition de nos problématiques de recherche et des différents secteurs d’étude pour lesquels nous avons opté avec des méthodologies adaptées.