5.2.3.2. Plan d’organisation du Barzan-e Jonoubi

5.2.3.2.1. Les travaux de terrassement dans le Barzan-e Jonoubi

Les résultats des fouilles du Barzan-e Jonoubi ont permis une meilleure connaissance de la topographie au sud de la terrasse, aspect sur lequel A. Tadjvidi insiste largement dans son rapport663. Avant l’ouverture des chantiers archéologiques, outre les vestiges du bâtiment le plus septentrional (Pl. 19-bâtiment E) qui affleuraient, l’existence d’importantes différences de niveaux, presque 4 m du nord au sud entre les bâtiments E et F, laissait supposer l’existence de terrasses. Les fouilles ont effectivement révélé l’existence de plusieurs sections de murs de terrassement, qui témoignent de la mise en œuvre d’importants travaux de nivellement préalables à la construction des différents édifices. Deux murs de terrassement ont été mis au jour : ils correspondent en fait aux parements extérieurs des massifs de terre constituant les terrasses664.

Un parement de direction nord-ouest/sud-est détermine la limite de la terrasse vers le sud (Pl. 19) et passe au nord des bâtiments F et C, devant être situés de ce fait à un niveau plus bas que les bâtiments au nord665. Pour le bâtiment C, nous disposons d’un plan précis publié par E.F. Schmidt, levé à partir des fouilles effectuées par E. Herzfeld666, où apparaît également la partie sud du bâtiment A. Il permet d’effectuer quelques observations topographiques. Il apparaît, d’après les mesures d’élévation relevées, que les bâtiments C et A sont au même niveau, les sols du bâtiment C étant même situés 10 cm au dessus de ceux de A. Par rapport à la restitution proposée par A. Mousavi, si le parement sud de la terrasse du Barzan-e Jonoubi peut passer sous le bâtiment C, celui-ci est situé au même niveau que les autres constructions situées plus au nord. Ces fondations ont probablement été surélevées pour permettre cet ajustement. De ce fait, sur le plan d’ensemble du Barzan-e Jonoubi, nous préférons interrompre le tracé supposé de la limite sud de la terrasse au niveau du bâtiment C. Un décalage d’un demi-mètre environ existe entre la cour située à l’est de C et les bâtiments adjacents. Cette différence d’élévation doit correspondre à la dénivellation de part et d’autre de la limite sud de la terrasse qui passerait, d’après A. Mousavi, entre les bâtiments C et H. Les travaux de A. Tadjvidi auraient permis d’attester de la présence de cette terrasse entre les bâtiments C et G667.

Un autre parement de terrasse, perpendiculaire, a été mis au jour. De direction nord-ouest/sud-est, il sépare les bâtiments H et A, plus élevés, et D, G et B668. Enfin, un mur à redans a été dégagé sur 50 m à l’ouest du bâtiment B, le niveau de la plaine vers l’ouest étant plus bas. Si l’on s’en tient à la terminologie architecturale choisie par A. Mousavi, sur la base des photographies de fouille669 et des plans de restitution670, ce mur correspondrait également à un parement qui constituerait la limite la plus occidentale de la terrasse du Barzan-e Jonoubi671. Ainsi, au sud de la grande terrasse de Persépolis, A. Tadjvidi restitue672 une seconde terrasse de près de 300 m de long, entre la terrasse et les bâtiments F et C. Dans le sens de la largeur, elle mesurerait environ 250 m. Depuis le piedmont à l’est, elle est constituée de deux terrasses successives, dont la première aurait une limite se situant entre les bâtiments A et D, et dont la seconde, située en contrebas à 120 m plus à l’ouest, serait limitée par le parement à redans parallèle à B. Si vers l’ouest le mur à redans semble déterminer la limite des constructions, les bâtiments C et F ont été construits au-delà du parement le plus au sud de la terrasse.

Ces quelques données permettent donc de constater qu’au sud de la terrasse, un autre ensemble de bâtiments monumentaux a été construit en grande partie sur une seconde terrasse. A. Mousavi compare le nivellement du relief préalable à la construction de la terrasse royale à celui qui a dû avoir lieu dans le Barzan-e Jonoubi, soulignant par là l’importance des travaux entrepris dans les deux cas.

Notes
663.

Tadjvidi 1976 : 72-76, les différentes hypothèses sont résumées en substance par Mousavi 1999 : 148-151

664.

Mousavi 1999 : 150

665.

Que ce soit dans Tadjvidi 1976 ou Mousavi 1992 et 1999, aucune indication d’altitude n’est donnée pouvant permettre de préciser le dénivelé au moment de la mise au jour des vestiges.

666.

Schmidt 1953 : 48-fig.14

667.

Mousavi 1999 : 150-151

668.

ibid. : 151

669.

Tadjvidi 1976 : 74-fig. 28 et 29 ; ibid. : 76-fig. 30

670.

ibid. : 68-fig. 20

671.

Mousavi 1999 : 149 le distingue des autres parements en le dénommant sur la fig. 2 « mur à redans ».

672.

Tadjvidi 1976 : 76-fig. 30, repris et adapté par Mousavi 1999 : 149-fig.2