5.2.3.2.2. Le plan d’organisation des bâtiments

Concernant le plan d’organisation des différents bâtiments, il n’existe pas de description ou d’analyse détaillée de l’ensemble. E.F. Schmidt, se basant sur des observations de K. Bergner, constate une orientation des bâtiments en décalage de 25° par rapport au nord673. Ils présentent donc une très légère différence d’orientation par rapport aux bâtiments de la haute terrasse, pour lesquels le décalage par rapport au nord est compris entre 19 et 21°674. Néanmoins l’orientation générale de l’ensemble des structures du quartier royal reste cohérente et à peu près parallèle. A. Mousavi, évoquant les plans des divers bâtiments, estime qu’ils correspondent bien aux différents modèles d’architecture achéménide connus sur la terrasse royale675. Il découle donc de ces deux observations, d’une part que les différentes constructions du Barzan-e Jonoubi s’intègrent de par leur orientation dans le plan d’organisation d’ensemble des bâtiments du secteur royal, d’autre part qu’elles correspondent au canon architectural royal. La relation entre la terrasse et le Barzan-e Jonoubi est également marquée par l’existence d’un accès aménagé dans le mur sud de la terrasse, permettant de plus une liaison directe entre la terrasse et le Barzan-e Jonoubi676. L’accès devait se faire par un escalier dont les fondations auraient été retrouvées dans un sondage effectué à l’ouest de l’inscription de Darius, sur le mur sud de la terrasse677. Le blocage de cette porte serait intervenu tardivement, vers la fin de l’occupation achéménide de Persépolis678. Si la condamnation de cet accès obéit vraisemblablement à un changement du programme architectural au sud de la terrasse679, elle pourrait également marquer une évolution du statut ou de la nature de l’occupation du quartier méridional.

A l’intérieur du secteur bâti du Barzan-e Jonoubi, A. Tadjvidi distingue 8 bâtiments. Certains de ces bâtiments paraissent former des blocs cohérents. A, D et G par exemple présentent des murs en connexion, et pourraient correspondre à un seul et vaste ensemble de plusieurs édifices. Autre exemple, le portique oriental du bâtiment H s’ouvre sur une cour située en contrebas et entourée de parapets crénelés, à laquelle la porte sud-ouest de C donne également accès. Les deux bâtiments semblent donc s’organiser autour de cet espace non-bâti, situé 50 cm en contrebas, auquel trois escaliers donnent accès et dont un, au sud, était flanqué de sculptures zoomorphes. Le bâtiment B, et encore plus le bâtiment E, paraissent plus isolés. Ce dernier, malgré la pente orientée vers l’ouest, est par ailleurs situé à une altitude plus élevée que les autres bâtiments. L’édifice aurait donc été volontairement construit sur un promontoire destiné à le mettre en valeur, effet renforcé par son relatif isolement680.

Enfin, concernant la présence de réseaux d’infrastructures, les fouilles de A. Tadjvidi ont mis au jour de nombreux éléments d’un système de canalisation, sous les bâtiments et au pied de la limite occidentale du Barzan-e Jonoubi681. Les fouilles sur la terrasse royale ont également permis de mettre en évidence un réseau développé de canalisations, entre autre le long de la limite orientale, pour drainer l’eau ruisselant des pentes et protéger les bâtiments des inondations682. L’ensemble dessine les contours d’un système d’évacuation drainant l’eau provenant des pentes du Kuh-e Rahmat et de la terrasse de Persépolis vers le sud, probablement jusqu’à un vaste réservoir construit en pierre situé à l’ouest de la tombe inachevée683 (Pl. 19).

Mis à part, au nord, le bâtiment E qui paraît, d’après son architecture et sa situation, posséder un statut spécial, le plan des constructions du Barzan-e Jonoubi obéit à un projet dense et homogène, probablement en connexion avec l’ensemble formé par les édifices de la plateforme royale. Les similitudes sont en effet nombreuses entre la haute et la basse terrasse : un important travail de nivellement, le style architectural, les orientations des bâtiments ou l’existence d’infrastructures de drainage de l’eau en direction du sud. Suite à ces rapprochements d’ordre morphologique, il paraît dans un second temps nécessaire d’étudier la question de la relation des deux secteurs d’un point de vue fonctionnel et chronologique.

Notes
673.

Schmidt 1953 : 55

674.

ibid. : 61

675.

Mousavi 1999 : 150

676.

Tilia 1978 : 14-15 ; Mousavi 1992 : 212

677.

ibid.

678.

Tilia 1978 : 27 ; Roaf 1983 : fig.156. Par ailleurs la porte sud aurait été aménagée dès le début de la construction de la terrasse, cf. Tilia 1978 : 16 et Roaf 1983 : fig.152.

679.

Tilia 1978 : 12-17 et Mousavi 1992 : 209-212 détaillent les différentes modifications que le mur sud de la terrasse a subies.

680.

Mousavi 1999 : 150

681.

Tadjvidi 1976 : 80-81

682.

Schmidt 1953 : 210 pour le canal souterrain le long de la limite est de la terrasse. De plus E.F. Schmidt détaille tout au long de cette publication les différentes canalisations découvertes dans les secteurs fouillés.

683.

Tadjvidi 1976 : 68-fig.20, 83 ; Mousavi 1999 : 150 ; Sami 1970 : 90 pour une description succincte du bassin.