Les résultats de la prospection radar-sol ont été assez décevants, du fait de la très faible profondeur de pénétration des ondes électromagnétiques et de l’absence de vestiges anciens dans les couches superficielles. Le terrain s’est en effet révélé très conducteur. La proportion d’argile dans le sédiment étant plus importante que ce qui avait été envisagé a priori, l’énergie portée par le signal radar a donc été rapidement absorbée par le sol. Pour visualiser ce phénomène, plusieurs cartes radar de la zone P ont été éditées pour des temps de retour des ondes croissants. Les temps de retour permettent une estimation de la profondeur à partir de la mesure de la vitesse de propagation moyenne des ondes dans le milieu étudié771 (Fig. 5-7). Cette succession de cartes permet de constater qu’à partir d’une profondeur estimée à 1 m les retours d’énergie enregistrés par l’antenne réceptrice sont de plus en plus faibles. Rapidement, les cartes radar sont vierges, toute l’énergie émise ayant été absorbée par le sol. Les résultats obtenus ne témoignent donc que des hétérogénéités existantes dans les couches superficielles situées entre 0 et 1 m. Il convient cependant de tenter d’interpréter les cartes obtenues à la profondeur maximale d’investigation testée, soit autour de 1 m. Au-dessus, les dépôts sont probablement très récents et très perturbés.
Sur la carte obtenue pour une profondeur estimée de 1 m (Fig. 5-8), les échos enregistrés témoignent de la présence de quelques hétérogénéités structurées dans le proche sous-sol. Les plus visibles correspondent à des anomalies rectilignes de plusieurs dizaines de mètres. Nous en avons relevé plusieurs sur les cartes radar-sol, de direction variée, parallèle ou perpendiculaire à la zone prospectée (en jaune sur le schéma d’interprétation-Fig. 5-8, à droite). Lorsque l’on compare les données de la prospection magnétique à celles du radar-sol, les emplacements des ces différents aménagements correspondent exactement aux tracés des différents réseaux électriques enfouis qui produisent de très fortes anomalies rectilignes sur la carte de gradient (Fig. 5-4).
Outre la présence des réseaux, la carte radar permet de relever la présence de deux grandes anomalies de forme et de nature plus complexes. Une première dans le nord de la zone P, de forme trapézoïdale, correspond à une zone d’absorption de l’énergie. Il s’agit sûrement d’un remblai constitué d’un sédiment très conducteur. Cet aménagement est certainement lié aux travaux de terrassement récents. La seconde anomalie paraît beaucoup plus intéressante. Elle se situe le long de la limite orientale de la carte, au pied du mur de soubassement de la terrasse. Elle mesure une centaine de mètres de longueur et possède une forme de E inversé. Il s’agit d’une zone réflectrice, probablement liée à la présence dans le proche sous-sol de matériaux denses en calcaire. La forme de l’anomalie pourrait évoquer des départs de murs perpendiculaires à la terrasse. Cependant cette hypothèse est à écarter, car la largeur de ces fondations serait alors de plusieurs mètres, presque 20 m pour l’élément central. En outre, ces éventuels départs de murs ne se poursuivent pas vers l’ouest. La taille importante du réflecteur correspondrait plutôt à la présence à proximité de la surface d’une hétérogénéité d’origine géologique. Au sud des escaliers monumentaux, le parement de la terrasse présente en effet de longues sections, dont les fondations sont formées en partie du substrat calcaire affleurant retaillé. Ces affleurements sont situés à une vingtaine de mètres plus au nord du secteur prospecté, et ne coïncident donc pas tout à fait avec l’emplacement de cette grande anomalie. Il est cependant possible que cette dernière corresponde au substrat géologique calcaire, aujourd’hui enfoui, et servant de soubassement à la superstructure de la terrasse. Sa forme en E inversé pourrait indiquer que la roche a été taillée, peut-être pour y accueillir les gros blocs de parement du mur de la terrasse, mais aussi pour servir de carrière. Il est possible que, dès la période achéménide, cet hypothétique affleurement rocheux ait déjà été enfoui, demeurant ainsi invisible : sa présence aurait sinon impliqué une irrégularité du parement du mur de soubassement de la terrasse.
Cf.§ 3.3.2.2