Dans un premier temps, il faut rappeler que Matezzish préexistait probablement à la construction du quartier royal 781. Cette ville devait présenter un plan d’organisation qui était déjà en place, et dans lequel le quartier royal pouvait s’intégrer. Il est donc possible que l’organisation du quartier royal continue celle de Matezzish782. A l’inverse, le quartier royal pourrait correspondre à un projet totalement neuf, présentant un plan d’organisation différent. A priori, les orientations de la terrasse et des bâtiments, présentant un décalage compris entre 19° et 25° par rapport au nord, paraissent surtout obéir aux contraintes topographiques ; en cela elles respectent l’orientation générale du massif du Kuh-e Rahmat. La localisation même du quartier royal ne peut faire de ce secteur le centre physique de la ville, puisque les différentes constructions sont groupées au pied de la montagne, le reste de l’occupation ne pouvant se développer qu’en direction de l’ouest ou du sud. Vers le nord, nous avons vu que l’occupation se concentrait essentiellement sur l’exploitation de la pierre783.
L’organisation interne de ce quartier royal, ici limité à la terrasse royale, aux pentes du Kuh-e Rahmat et au Barzan-e Jonoubi, est difficile à détailler. Le parallélisme de l’orientation des différents édifices dessine l’existence d’un plan d’organisation préconçu. Une des pistes à étudier plus précisément est probablement le tracé de l’ensemble du réseau de drainage et de récupération de l’eau de ruissellement, qui pourrait dessiner le canevas d’un réseau d’infrastructure pensé à l’échelle du quartier royal.
Reste que ces quelques considérations ne suffisent pas à définir la ville. La taille du seul quartier royal, environ 50 ha, est certes comparable à celle d’une ville. Toutefois, au sein des limites, mal définies, du quartier royal, les mêmes problèmes se posent que pour l’ensemble des villes achéménides784. S’il concentre de nombreux bâtiments royaux, ceux-ci paraissent dans l’ensemble isolés les uns des autres, et il est difficile de distinguer précisément l’existence de blocs cohérents aux fonctions bien déterminées. Il faut de plus envisager que la plupart de ces édifices n’assuraient aucune fonction administrative ou résidentielle. Un autre point est l’existence de vastes zones de vide. Dans le quartier royal, elles se situent au nord-est du Barzan-e Jonoubi785 (6 ha) et à l’ouest de la terrasse royale (5 ha), auxquelles il faut ajouter la zone enceinte par les remparts courant sur les crêtes du Kuh-e Rahmat (18 ha). C’est donc plus de la moitié de la surface de ce secteur pour laquelle il n’existe pour l’instant pas de preuves de la présence de construction. Le cas des pentes du Kuh-e Rahmat est particulier, puisque la configuration du versant, souvent très escarpé, ne permet pas d’envisager l’existence d’un bâti dense. Reste à considérer les autres 11 ha. En l’absence de données archéologiques attestées, entre autre par la mise en place de nos prospections géophysiques, les hypothèses destinées à combler ces vides sont nombreuses. Ces zones ont pu accueillir des jardins, des douves786, ou encore une partie du camp de toile royal787. Elles demandent toutefois toutes à être confirmées par l’archéologie, à conditions que les vestiges des aménagements évoqués n’aient pas irrémédiablement disparu.
Cf. § 5.1.2.3
Cf. § 5.3.5.2.4
Cf. § 5.2.3.5.1.
Boucharlat 1997, cf. § 5.7.4
Cf. § 5.2.3.4.1
Mousavi 1992 ; Mousavi 1999
Boucharlat 1997