5.3. Le secteur de Persépolis Nord-Ouest

5.3.1. Prospections sur le secteur de Persépolis Nord-Ouest : problématiques et méthodologie

5.3.1.1. Présentation du secteur de Persépolis Nord-Ouest

En l’absence de données archéologiques précises, les contours de la zone d’occupation achéménide au nord-ouest de Persépolis sont difficiles à définir a priori 791. Dans le cadre de la mise en œuvre des prospections géophysiques, nous décidons de la délimiter à l’est par le quartier royal et vers l’ouest par la zone de Persepolis West telle qu’elle a été définie par W. Sumner (Pl. 22 et 26). Les limites nord et sud sont fixées plus arbitrairement : au sud elle correspond à la route d’accès principale à Persépolis ; au nord elle pourrait se matérialiser par une ligne de direction est/ouest passant par la source de Cheshmeh Ali (Pl. 15 et 22). Cette définition de la zone potentielle d’occupation à l’ouest de la terrasse royale englobe une vaste région de plus de 4 km². Elle est volontairement plus large que les strictes limites définies par W. Sumner, qui décrit Persepolis West comme un ensemble de petits tepes, répartis sur une surface d’au moins 25 ha, situés à 1,3 km à l’ouest de la terrasse792. La possibilité, grâce aux méthodes géophysiques, de prospecter et d’acquérir des données sur de grandes surfaces, permet d’envisager de replacer cet ensemble de tepes, aujourd’hui nivelés, dans un contexte beaucoup plus large, incluant des zones périphériques caractérisées par la présence de vestiges architecturaux isolés et de concentrations de céramiques en surface.

L’étendue du secteur ainsi défini représente certainement le principal défi pour l’archéologie. La pratique d’une agriculture intensive sur l’ensemble de la région est également un important facteur limitant les possibilités de mener des études en surface. Les travaux de recherche doivent effectivement se faire en prenant obligatoirement en compte les rythmes agricoles. Le rythme des productions agricoles est très rapide, la pratique de récoltes bisannuelles sur une même parcelle étant fréquente. Les sols sont donc rarement libres, et les périodes où il est possible de travailler dans les champs sans endommager les cultures assez courtes. La culture d’espèces différentes d’une parcelle à l’autre implique également des rythmes et donc des états de surface très divers sur un même secteur, où les conditions de prospection seront alors très variables. Les recherches doivent être menées en fonction des quelques parcelles libres, et les zones prospectées peuvent donc être très morcelées. Bien que disposant d’une très grande surface à étudier, les possibilités d’investigations sur le secteur de Persépolis Nord-Ouest se limitent donc à des surfaces réduites aux quelques champs accessibles au moment des missions sur le terrain. A partir de données parcellaires, obtenues sur des champs parfois éloignés les uns des autres, il faudra donc tenter de restituer une image de l’organisation passée de la plaine à l’ouest de la terrasse.

Les rythmes agricoles étant différents d’un champ à l’autre, les parcelles disponibles peuvent de plus présenter des praticabilités très différentes. Au même moment, sur un secteur défini, un champ peut être hersé et présenter ainsi des conditions idéales de prospection, alors qu’une parcelle voisine est cultivée et présente un épais couvert végétal qui limite toute prospection à vue, et qu’un troisième champ est profondément labouré, la présence de mottes de terre rendant le terrain irrégulier et impraticable. Dans le cadre de nos missions ponctuelles et limitées dans le temps, la correspondance entre les dates de la prospection et la courte période où les champs sont accessibles est assez aléatoire. Enfin, les différences d’état de surface induisent une hétérogénéité des conditions de prospection, qui auront éventuellement un impact sur la qualité des résultats obtenus.

Notes
791.

Cf. § 5.1.3.2

792.

Sumner 1986a : 9