5.3.1.3. Choix des méthodes de prospection

Les principales contraintes à la mise en place des prospections sur le secteur de Persépolis Nord-Ouest sont celles imposées par l’agriculture moderne intensive. Le resserrement des cycles agricoles oblige tout d’abord à surveiller l’état des champs. Lorsque l’un d’eux se libère, il faut pouvoir très rapidement mettre en place une prospection, ce qui nécessite l’utilisation d’une méthodologie assez souple. L’emploi des méthodes de prospection géophysiques permet d’allier rapidité et souplesse d’intervention à la possibilité d’étudier des surfaces importantes dans des temps limités. Les recherches effectuées sur le secteur de Persépolis Nord-Ouest, dans le cadre de la mission conjointe irano-française, se sont donc essentiellement concentrées sur la mise en œuvre de prospections géophysiques effectuées sur le vaste parking situé au nord-ouest de la terrasse royale, dans différents champs tout autour et plus à l’ouest sur la zone de Persepolis West telle qu’elle est délimitée par W. Sumner (Pl. 23).

Parmi les différentes méthodes de prospection géophysiques à notre disposition, la prospection magnétique797 a été privilégiée, avec laquelle la résolution des cartes, en termes de détection d’aménagements anciens, peut être très précise. Par contre, cette méthode a l’inconvénient de ne détecter que les vestiges les plus superficiels, donc appartenant à la dernière phase d’occupation d’un site. La présence de quelques sites d’occupation islamique doit donc être prise en compte dans les interprétations, car les vestiges détectés pourraient être postérieurs au Ier millénaire. Dans le secteur de Persépolis Nord-Ouest, ces réoccupations récentes paraissent toutefois limitées, et il serait donc possible d’obtenir une image reflétant essentiellement l’occupation à la période achéménide. La méthode magnétique a été utilisée sur différents champs situés autour du parking ouest et sur le secteur de Persepolis West, et a permis de couvrir une surface totale de 7,5 ha798.

La localisation du vaste parking ouest de 4,3 ha, situé à l’ouest de la terrasse et au sud des vestiges du Temple des Fratarakas, est particulièrement stratégique, car il est situé entre les secteurs du quartier royal et celui de Persépolis Nord-Ouest799 (Pl. 22 et fig. 5-10). Néanmoins, la présence de lampadaires, d’une clôture métallique tout autour et de grilles sur les canalisations de drainages des eaux de pluies excluent la possibilité d’utiliser la méthode magnétique, du fait des perturbations métalliques induites. Des prospections magnétiques menées par le P.P.R.F. en 2003 au nord du parking ont par ailleurs démontré l’impossibilité d’utiliser la méthode magnétique, les perturbations d’origine métallique étant trop fortes800. Parmi les différentes techniques de prospection géophysiques, il resterait donc les méthodes électriques et radar-sol. La méthode radar-sol801 a été écartée dès le départ du projet. L’utilisation de cette technique, assez lourde à mettre en œuvre, a été réservée à la détection d’éventuels vestiges profonds au pied de la terrasse royale802. Sur le parking ouest, les vestiges recherchés sont a priori assez superficiels803. Cette hypothèse se justifie par la présence au sud-ouest du parking de plusieurs éléments architecturaux affleurants en pierre taillée, mis au jour par des labours récents (Pl. 22). Autour de la terrasse, il faut également rappeler, au nord, la faible profondeur d’enfouissement des vestiges du Temple des Fratarakas ou, au sud, de l’ensemble des bâtiments du Barzan-e Jonoubi. Pour des raisons pratiques et archéologiques, l’emploi de la méthode radar-sol a donc été écarté pour les recherches sur le parking ouest. Il reste donc à envisager la mise en œuvre de prospection électrique. La surface étant entièrement goudronnée, il n’est pas envisageable de planter des électrodes dans le sol, moyen classique d’injection du courant dans le sol et de mesure des résistivités. Comme pour le parvis de l’entrée principale de la terrasse, l’emploi d’un dispositif électrostatique est nécessaire. Le prototype M.P.U.804 utilisé est assez léger, maniable et associé à un système d’enregistrement en continu, le tout permettant une prise de mesure assez rapide, condition nécessaire pour couvrir une partie significative du très vaste parking ouest dans un temps très limité.

Dans les champs à l’ouest du parking, les prospections géophysiques ont été dans la mesure du possible complétées par des prospections à vue805, ou par le relevé des quelques vestiges archéologiques, éléments d’architectures ou coupes stratigraphiques visibles à l’œil nu. Pour mieux cerner l’étendue de l’occupation, des prospections systématiques à vue sur sol nu des champs auraient pu être entreprises sur l’ensemble des zones étudiées avec la méthode magnétique. La carte de concentration des tessons de céramique représente en effet un élément de comparaison précieux pour l’interprétation des cartes géophysiques. Les prospections systématiques à vue demandant un investissement en temps et en hommes trop important, la priorité a toutefois été fixée à la mise en œuvre des prospections magnétiques. Les champs situés le plus à l’ouest (Pl. 23) étaient de plus recouverts de luzerne, rendant le calcul des concentrations de céramiques impossible. Un test de prospection pédestre systématique, associé à un simple comptage de la céramique sans ramassage, a cependant été entrepris dans les champs prospectés au nord-ouest du parking.

Notes
797.

Cf. § 3.3.2.1

798.

Cf. § 5.3.3

799.

Cf. § 5.3.2

800.

Les données sur le parking ouest étant largement perturbées par la forte présence de métal, il ne paraît pas indispensable d’en présenter les résultats en détail.

801.

Cf. § 3.3.2.2

802.

Cf. § 5.2.4.2

803.

Sur ce point voir les conclusions des prospections à Persépolis Nord-Ouest, cf. § 5.3.5.1

804.

Cf. § 3.3.2.1

805.

Cf. § 5.3.3.2.3