5.3.1.4. Présentation des prospections magnétiques menées par le P.P.R.F.

Pour l’étude de l’occupation de Persépolis Nord-Ouest, les données des prospections magnétiques effectuées par le P.P.R.F. ont été largement utilisées. Dans le secteur de Persépolis Nord-Ouest, les surfaces prospectées par le P.P.R.F. sont vastes et les très bons résultats obtenus permettent de mieux comprendre l’ancien plan d’occupation de la région.

Le centre de recherche de Persépolis-Pasargades a entrepris autour de la terrasse de Persépolis plusieurs campagnes de prospection magnétique entre les années 2003 et 2005806. Ces prospections, ainsi que leurs résultats, ont été précédemment évoquées à propos des résultats des prospections effectuées à l’ouest807 et au nord de la terrasse808. L’ensemble des surfaces prospectées autour de Persépolis dépasse les 40 ha. Les résultats des prospections n’ont pas été publiés, mais elles ont toutefois fait l’objet de rapports techniques en persan qui ont été rendus au P.P.R.F. Nous avons obtenu l’autorisation d’utiliser ces données pour compléter l’étude archéologique des environs de Persépolis. Cela s’est traduit par un échange d’une partie des données brutes de prospection magnétique entre B. Aminpur et notre équipe. Pour certains secteurs, nous ne possédons toutefois que des images des cartes magnétiques des prospections iraniennes, sans disposer des données brutes. Ainsi, la nature des données à notre disposition est très inégale suivant les secteurs.

L’objectif principal des prospections iraniennes était avant tout patrimonial. Il s’agissait, en premier lieu, de procéder à des prospections aux alentours immédiats de la terrasse, de façon à rechercher des vestiges archéologiques pour, par la suite, assurer leur préservation. Les recherches se sont donc concentrées sur les zones libres au pied de la terrasse, essentiellement au nord et au sud. Elles se sont ensuite étendues au parking ouest. Dans ce premier cercle, les résultats les plus intéressants ont été obtenus dans la petite vallée située au nord de la terrasse. Les autres cartes sont très largement perturbées par la présence de métal (barrières, réseaux de canalisation ou électriques enfouis, fer à béton…). Les aménagements récents au pied de la terrasse royale se sont en effet révélés tout à fait défavorables à la mise en place de prospections magnétiques. Dans un second temps, des prospections géophysiques ont été effectuées dans des champs plus à l’ouest (Pl. 23). Elles ont d’abord été entreprises sur les parcelles situées à l’ouest du vaste parking ouest, qui ont été en partie rachetées par le P.P.R.F. après la mise au jour d’un ensemble de blocs architecturaux par les labours. Au nord-ouest du parking, deux autres champs actuellement exploités ont été prospectés. Nos propres prospections ont intentionnellement recouvert une partie des surfaces prospectées à cet endroit, pour permettre une comparaison des résultats (Pl. 23). Enfin, plus au nord, une prospection a été effectuée aux alentours du tepe de Tol-e Jalyan, car les labours avaient mis au jour dans les champs plusieurs blocs taillés. Tol-e Jalyan, qui présente des indices d’occupation islamique, est situé à proximité de la source de Cheshmeh Ali et du Persepolis Spring Cemetery, fouillé par E.F. Schmidt 809 (Pl. 22), Cinq champs ont été prospectés par le P.P.R.F., nommés PPRF1 à PPRF5 (Pl. 23).

L’appareil de prospection magnétique utilisé est différent du matériel que nous utilisons. Il s’agit d’un gradiomètre de type fluxgate 810 . Il mesure le gradient vertical du champ magnétique dans un domaine de précision légèrement inférieur à celui que nous obtenons avec le gradiomètre à césium. Les données restent cependant tout à fait comparables, comme le prouvent les résultats obtenus sur la zone test commune au nord-ouest du parking.

Notes
806.

Ce travail a été confié à un ingénieur géophysicien iranien, B. Aminpur, directeur d’une compagnie privée iranienne de prospection géophysique pour l’archéologie.

807.

Cf.§ 5.2.4.1.2

808.

Cf. § 5.2.3.5.2

809.

Cf. § 5.5.3.6.2

810.

A la différence des gradiomètres à césium où le gradient est mesuré entre deux capteurs distincts (cf. § 3.3.2.1.2), les appareils de type fluxgate sont équipés d’un seul capteur, qui permet de mesurer directement la valeur du gradient magnétique. Pour un exposé détaillé des principes de fonctionnement de ce type d’appareil, voir Scollar et al. 1990 : 456-461. Pour les deux types d’instruments, la précision de la mesure du gradient est comparable, à ce sujet voir Gaffney & Gater 2003 : 68-72.