5.3.2.2.2. Les variations liées à des aménagements modernes

La plupart des fortes valeurs de résistivité relevées sur la carte de résistivité superficielle correspondent probablement à des réaménagements récents du secteur, en relation avec la construction du parking. Certaines sont en relation avec les installations visibles en surface. D’autres pour être interprétées, demandent des recherches à partir des fonds cartographiques anciens.

La longue anomalie linéaire de forte résistivité, qui partage la zone prospectée en deux dans le sens de la longueur sur les deux cartes, correspond au caniveau d’évacuation des eaux de pluie. Sur les figures 11 et 12, présentant un recalage des cartes de résistivité sur un assemblage de photographies aériennes récentes, cette anomalie se superpose parfaitement au caniveau situé le plus au nord, dont le tracé est visible sur les clichés (Fig. 13 et Fig. 14-délimitée par une bande hachurée).

Figure 5‑11 : Carte de résistivité apparente obtenue sur le parking ouest avec le multipôle électrostatique M.P.U., valeurs mesurées par les électrodes espacées de 0,5 m
Figure 5‑11 : Carte de résistivité apparente obtenue sur le parking ouest avec le multipôle électrostatique M.P.U., valeurs mesurées par les électrodes espacées de 0,5 m
Figure 5‑12 : Carte de résistivité apparente obtenue sur le parking ouest avec le multipôle électrostatique M.P.U., valeurs mesurées par les électrodes espacées de 1 m
Figure 5‑12 : Carte de résistivité apparente obtenue sur le parking ouest avec le multipôle électrostatique M.P.U., valeurs mesurées par les électrodes espacées de 1 m
Figure 5‑13 : Schéma d’interprétation de la carte de résistivité apparente obtenue sur le parking ouest avec des électrodes espacées de 0,5 m
Figure 5‑13 : Schéma d’interprétation de la carte de résistivité apparente obtenue sur le parking ouest avec des électrodes espacées de 0,5 m
Figure 5‑14 : Schéma d’interprétation de la carte de résistivité apparente obtenue sur le parking ouest avec des électrodes espacées de 1 m
Figure 5‑14 : Schéma d’interprétation de la carte de résistivité apparente obtenue sur le parking ouest avec des électrodes espacées de 1 m

Sur les deux cartes, l’anomalie la plus visible et la mieux délimitée se situe dans la partie occidentale du secteur prospecté, et consiste en une bande très résistante de 10 m de large, de forme à peu près linéaire, présentant une légère courbure au niveau de son intersection avec le caniveau. Cette anomalie barre le rectangle de prospection du nord-ouest au sud-est sur toute sa largeur, soit sur 60 m de long. La superposition des résultats avec une carte au 1:5000 de la proche région de Persépolis levée en 1966811, donc avant la construction des différents aménagements récents, permet de déterminer la nature de cette anomalie avec certitude : elle se superpose en effet parfaitement au tracé d’un ancien canal d’irrigation. Ce canal a donc été remblayé lors de la construction du parking, probablement à l’aide de matériaux très résistants, par exemple des gravats ou du sable.

Figure 5‑15 : Superposition de la photographie aérienne du parking ouest, de la carte de résistivité apparente obtenue avec les électrodes de mesure espacées de 1 m et la carte topographique levée au 1:5000 en 1966
Figure 5‑15 : Superposition de la photographie aérienne du parking ouest, de la carte de résistivité apparente obtenue avec les électrodes de mesure espacées de 1 m et la carte topographique levée au 1:5000 en 1966

La superposition des différents documents cartographiques à notre disposition permet également de supposer que les zones de forte résistivité (Fig. 5-13 et 5-14-zone 2) seraient liées à la présence d’un village, Takht-e Jamshid, aujourd’hui disparu812, qui était habité entre les années 1930813 et 1960. La partie sud-est de la zone prospectée se superpose en effet à l’emplacement de plusieurs bâtiments situés à la limite nord du village (Fig. 5-15). Les fortes valeurs de résistivité pourraient être reliées à la présence de fondations des bâtiments, ou de matériaux hétérogènes issus de leur destruction. Cet ensemble d’anomalies résistantes est beaucoup plus étendu sur la carte obtenue avec le dipôle de 0,5 m qu’avec celui de 1 m. Cela peut être lié à une faible profondeur des fondations des bâtiments, ou à un étalement des gravats en surface sur une vaste étendue correspondant au minimum à la zone 2 (Fig. 5-13). Les fortes résistivités sur cette partie sud-est du rectangle de prospection ne correspondent donc probablement pas à la présence de vestiges archéologiques. Il est de plus probable que la succession des travaux, impliquant de nombreux terrassements, ait induit de profonds remaniements du proche sous-sol, et par conséquence une disparition des éventuels vestiges archéologiques au sud du parking.

Une autre zone, située à l’ouest de la surface étudiée (Fig. 5-13 et 5-14-zone 1), présente de fortes valeurs de résistivité. Si les valeurs obtenues dans sa partie sud peuvent être dues à la destruction de l’ancien village, au nord les fortes résistivités se superposent à l’ensemble des trous de poteaux modernes présents à l’ouest du parking. Bien que de dimensions modestes, leur présence assez dense induit l’existence d’une zone de forte résistivité à l’ouest, ce qui est probablement le résultat de l’interpolation des données ponctuelles, opération durant laquelle le logiciel a tendance à homogénéiser et à lisser les variations entre des points de valeur proche. La disparition de cette zone de forte résistivité sur la carte plus profonde s’explique par la faible profondeur des trous.

Notes
811.

Cf. § 3.1.1

812.

Les villageois ont été déplacés dans le village de Shamsabad lors du Jubilé de 1971, plus au sud, cf. § 5.2.3.4.2

813.

La présence de ce village n’est en effet pas indiquée sur les premières cartes du site publiées par Herzfeld 1929 et Schmidt 1939