5.3.4.3. Les résultats obtenus au sud de Tol-e Jalyan

Le P.P.R.F. a entrepris des prospections magnétiques dans un champ situé au nord de Persépolis (PPRF1 - Pl. 23), non loin de la nécropole découverte par E.F. Schmidt lors de la construction de la route qui longe désormais le piedmont du Kuh-e Rahmat846.

La zone a été prospectée suite à la découverte de plusieurs blocs architecturaux dans les champs. Elle inclut également, au nord, un petit tepe circulaire, Tol-e Jalyan, présentant en surface quelques tessons portant des décorations de style Istakhr, ce qui daterait l’occupation du site plutôt du début de l’ère islamique847. La majeure partie du champ située au sud du tepe a été prospectée. Nous ne disposons pas des coordonnées géographiques de cette prospection, pour laquelle ne nous a été fournie qu’une image brute de la carte. Le recalage a été fait de manière approximative, en prenant appui sur les contours du tepe, ainsi que sur le tracé de certains canaux visibles à la fois sur la carte de gradient et sur les images aériennes. Du fait de l’incertitude concernant leur positionnement géographique, la construction d’un schéma d’interprétation a été jugée peu pertinente. Les tracés d’anomalies ne peuvent en effet pas être replacés de manière précise dans le schéma général.

La carte du gradient est tout d’abord marquée par de nombreuses anomalies liées à l’occupation moderne. Comme souvent, les labours induisent la présence d’une succession de longues anomalies, de direction nord-est/sud-ouest et de faible amplitude. Elles sont présentes sur l’ensemble de la zone prospectée. En outre, les quelques fortes anomalies ponctuelles et isolées correspondraient certainement à la présence de métal.

Ces perturbations modernes mises à part, la réponse générale du terrain est très contrastée. Deux secteurs différents se distinguent : l’un au nord de la parcelle présente une réponse homogène et des valeurs du gradient assez faibles ; l’autre au sud correspond à un terrain beaucoup plus magnétique.

Autour du tepe de Tol-e Jalyan, et sur une bande de 1 ha en direction du sud, la réponse du terrain est très homogène, et l’amplitude du gradient très faible. Les quelques anomalies visibles doivent certainement correspondre à des travaux de terrassement agricoles ou aux tracés de canaux d’irrigation modernes. A l’intérieur des limites du tepe, marquées par les anomalies circulaires au nord du champ, les quelques anomalies ponctuelles de forte amplitude doivent correspondre à l’emplacement de fosses de pillage, comblées en partie de déchets métalliques. Outre ces perturbations, la carte ne révèle pas d’anomalies organisées qui pourraient indiquer la présence de vestiges de constructions. La zone sommitale du tepe semble néanmoins marquée par la présence d’une très faible anomalie linéaire, large de plusieurs mètres, qui délimite une zone de forme trapézoïdale. Cette limite pourrait dessiner les contours d’un terrassement, d’un fossé ou d’une construction. Les perturbations métalliques diminuent cependant la résolution de la carte, et le tracé de cette anomalie est fortement perturbé vers le sud. Ce tepe correspond forcément à la présence de vestiges de constructions en brique crue que la prospection magnétique n’a pas pu détecter, car ils sont trop profondément enfouis ou fortement érodés.

Figure 5‑33 : Carte du gradient magnétique obtenue par le P.P.R.F. au sud de Tol-e Jalyan
Figure 5‑33 : Carte du gradient magnétique obtenue par le P.P.R.F. au sud de Tol-e Jalyan

La partie sud de la carte présente des résultats particulièrement intéressants. Elle montre en effet un ensemble d’anomalies dont la signature est comparable aux résultats obtenus autour du parking plus au sud et à Persepolis West. Une zone plus magnétique est associée à la présence de longues anomalies rectilignes perpendiculaires, marquées par des valeurs négatives du gradient de faible amplitude Leurs orientations et leur signature magnétique les distinguent très clairement des traces de labours : elles correspondent donc à la présence d’aménagements antérieurs à l’activité agricole actuelle. Ces longues lignes pourraient constituer la continuité plus au nord du réseau mis en évidence sur les autres secteurs. Tout en prenant en compte les incertitudes liées aux problèmes de localisation précise de la prospection, les orientations de ces lignes paraissent effectivement parallèles à celles mesurées plus au sud. Le tracé des longues anomalies rectilignes dépasse largement les limites des zones de fort magnétisme. Les anomalies de direction nord/sud traversent en effet l’ensemble de la zone prospectée. Elles doivent probablement se poursuivre plus au nord. Vers le sud, il est possible qu’elles se raccordent au tracé d’anomalies de même type, mises en évidence au cours des autres prospections.

Au niveau de l’angle sud-ouest, la carte du gradient montre un ensemble d’anomalies particulièrement intéressant. Elles délimitent une surface de forme rectangulaire, mesurant environ 20 m sur 40 m, dont l’orientation est apparemment parallèle à celle des longues anomalies rectilignes.. A l’intérieur de cet espace rectangulaire, des anomalies linéaires de très faible amplitude et de gradient positif dessinent un carroyage régulier, composé de modules carrés de 5 à 7 m de côté. Il s’agit du seul exemple de la possible préservation d’un plan d’organisation d’une construction ancienne dans le secteur de Persépolis Nord-Ouest. Le plan composé d’une succession d’espaces carrés de surface régulière couvrant près de 1000 m² paraît toutefois peu fonctionnel848.

Notes
846.

Schmidt 1957 : 115-124, cf. § 5.5.3.6.2

847.

Cf. § 4.1.2.2

848.

La mission irano-italienne a ouvert un sondage dans ce secteur, il n’a pas permis de mettre au jour des structures construites, cf. § 5.3.5.3